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Interview

Gabriel Zucman : «C’est essentiel de montrer que l’on peut avoir une mondialisation juste sur le plan fiscal»

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C'est quoi une économie de gauche?dossier
L’économiste explique qu’un taux plancher d’imposition des bénéfices, même très bas et limité à quelques pays, serait une vraie révolution, après plusieurs décennies où le choix politique d’une concurrence internationale au service des grands groupes et de certains Etats n’était pas discuté.
L’économiste Gabriel Zucman, lors du lancement de l’Observatoire européen de la fiscalité, à Bruxelles mardi. (Francois Walschaerts/AP)
publié le 4 juin 2021 à 7h11

L’économiste français Gabriel Zucman, qui a lancé cette semaine l’Observatoire européen de la fiscalité, commente les perspectives de réforme de la fiscalité internationale. Il préconise un taux d’imposition mondiale de 25 % sur les multinationales, nettement plus élevé que celui négocié actuellement au G7 et à l’OCDE.

Avec l’arrivée de Joe Biden, les négociations se sont accélérées autour de la mise en place d’un taux d’impôt minimum mondial sur les multinationales. Comment analysez-vous cette évolution ?

De plus en plus de gens et de décideurs réalisent que la forme actuelle de mondialisation, avec une concurrence fiscale sans limites, n’est soutenable ni politiquement ni économiquement. Car cela signifie toujours moins d’impôts payés par les grands gagnants de la mondialisation, et souvent plus d’impôts payés par ceux qui en bénéficient le moins. Depuis des décennies, le travail de l’OCDE a consisté à essayer d’harmoniser la définition des bénéfices et leur ventilation entre pays, sans jamais remettre en question le taux d’imposition, qui peut être de 0 % et malgré tout compatible avec les traités existants. C’est complètement intenable. Le sens de l’histoire veut qu’on arrive à un taux minimum, qui serait une vraie révolution.

Le taux évoqué tourne autour de 15 %. Est-ce suffisant à vos yeux ?

Les progrès sont évidemment beaucoup trop lents, 15 % est un taux dérisoire. En France, les taux d’imposition effectifs des classes moyennes et populaires, en prenant en