
Rencontre
Livre enquête sur la CIA : «Trump ne tire pas une balle dans le pied des Etats-Unis, il leur tire une balle dans la tête»
«Enfant du Watergate» selon ses propres termes, adolescent nourri de la chronique de ce scandale d’espionnage majuscule qui coûta à Richard Nixon la fin de son second mandat, Tim Weiner n’avait pas 20 ans lorsque le sénateur démocrate Franck Church, ouvrant en 1975 les travaux d’une commission d’enquête parlementaire chargée d’ausculter les agissements des services secrets américains, compara la CIA à un «éléphant rebelle» hors de contrôle. Formule aussi fameuse que discutable : «Quand un éléphant piétine tout sur son passage, ce n’est pas la faute de l’animal, c’est celle du cornac, lance le journaliste un demi-siècle plus tard. Et dans le cas de la CIA, le cornac, c’est le président des Etats-Unis.»
Ancien du Philadelphia Inquirer et du New York Times, auréolé d’un Pulitzer pour avoir enquêté sur les programmes secrets du Pentagone, Weiner a consacré à l’agence de renseignement extérieur une bonne part de sa carrière et une monographie du genre cinglant : paru en 2007, Legacy of Ashes explorait l’histoire tumultueuse de la CIA – ses succès, ses échecs, ses turpitudes, ses (nombreuses) basses besognes menées au nom du «monde libre» – depuis sa création, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001 et aux premières années de la «guerre contre la terreur».
Dix-huit ans plus tard, le journaliste reprend son récit peu ou prou là où il l’avait suspendu. Dans le nouveau siècle qui s’ouvre, tout