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Asie-Pacifique

Colère de Pékin après la déclaration commune de Washington, Séoul et Tokyo à Camp David

La Chine a vivement réagi à la déclaration commune de Joe Biden et de ses homologues sud-coréen et japonais vendredi 18 août aux Etats-Unis. Ils incriminaient le «comportement dangereux» de Pékin, qui dénonce une mentalité de «guerre froide».
Le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, son homologue américain, Joe Biden, et le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, à Camp David (Maryland) aux Etats-Unis, ce 18 août. (Chip Somodevilla /AFP)
publié le 21 août 2023 à 18h17

Après un sommet inédit entre les alliés américain, japonais et coréen ce vendredi 18 août aux Etats-Unis, la Chine a exprimé lundi son «vif mécontentement et sa ferme opposition», et a déposé des protestations «solennelles auprès des parties concernées», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d’un point presse. Pékin accuse les dirigeants des trois pays d’avoir «dénigré et attaqué la Chine sur les questions maritimes et liées à Taïwan, [de s’être] immiscés dans les affaires intérieures de la Chine et [d’avoir] délibérément semé la discorde entre la Chine et ses voisins».

Face la coopération trilatérale qui se renforce et s’institutionnalise entre les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud, le porte-parole chinois a estimé que le sommet consistait en une «tentative de raviver la mentalité de la guerre froide en incitant à la division et à la confrontation par le biais de divers petits cercles fermés et exclusifs».

Rapprochement

Vendredi dernier, Joe Biden a invité le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, et le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, dans la résidence présidentielle de Camp David, près de Washington, pour une rencontre qu’il avait alors qualifiée d’«historique». En effet, c’était la première fois que les trois alliés se retrouvaient lors d’un sommet trilatéral. Jusqu’alors, ils s’étaient contentés d’entrevues en marge d’évènements plus importants, notamment au G7 d’Hiroshima.

Unis dans leur opposition aux velléités territoriales et maritimes de Pékin en mer de Chine méridionale, dont le pays revendique le contrôle quasi total, Biden, Kishida et Yoon ont multiplié les démonstrations de coopération. La déclaration commune signée à l’issue du sommet, nommée «Esprit de Camp David», prévoit une communication approfondie entre les trois puissances, notamment par la mise en place d’une ligne directe entre les trois hommes, d’une plus grande coopération dans le renseignement‚ l’armement et les hautes technologies, ainsi qu’un programme d’exercices conjoints sur plusieurs années.

Joe Biden avait insisté sur le fait que le sommet ne visait pas la Chine, reconnaissant néanmoins que celle-ci avait «évidemment été un sujet». Le lendemain, l’Armée populaire de libération chinoise a lancé une nouvelle salve de manœuvres aériennes et maritimes, à titre de «sévère mise en garde», autour de Taiwan, désormais habituée aux intimidations chinoises. Le même jour, un officiel du Parti communiste chinois avait justifié l’opération en dénonçant une escale aux Etats-Unis le 13 août du vice-président taïwanais, William Lai, favori de l’élection présidentielle de l’île l’année prochaine. Un membre du Parti communiste chinois avait qualifié le voyage de «nouvelle provocation» en vue de «renforcer la collusion avec les Etats-Unis».

Tentatives d’intimidation répétées

Dans ce contexte de tensions élevées, consolider le rapprochement entre la Corée du Sud et le Japon est un enjeu de taille pour Washington. Les relations des deux pays étaient jusqu’alors compliquées par des différends territoriaux et la mémoire encore douloureuse de l’occupation japonaise de la Corée entre 1905 et 1945. Toutefois, la guerre en Ukraine et les tentatives d’intimidation répétées de la part de la Chine ont fait bouger les positions des deux alliés asiatiques de Joe Biden, qui voient en Pékin une menace sérieuse à l’équilibre régional. Côté japonais, le Premier ministre, Fumio Kishida, a enclenché une profonde révision de sa politique de défense. A Séoul, le président Yoon Suk-yeol, élu en mai 2022, a répété les déclarations appelant à une plus grande coopération militaire avec les Etats Unis, notamment en termes de parapluie nucléaire.