Menu
Libération
Exsangue

L’agence de l’ONU pour les réfugiés a perdu plus d’un quart de ses effectifs à cause des coupes budgétaires des Etats

L’agence onusienne alerte ce lundi 6 octobre sur la suppression de 5 000 emplois, alors que le nombre de réfugiés dans le monde ne cesse d’augmenter. En cause, une diminution drastique de l’aide internationale, notamment de la part des Etats-Unis.

Le siège du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, à Genève en Suisse le 30 mai 2024. (Fabrice Coffrini /AFP)
Publié le 06/10/2025 à 16h05

Le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) est à bout de souffle. Depuis le début de l’année 2025, l’agence a été contrainte de supprimer plus de 5 000 emplois, alerte ce lundi 6 octobre le Haut-commissaire Filippo Grandi, à l’ouverture de la réunion annuelle du comité exécutif. En cause, un contexte de coupes dans le financement de l’aide internationale.

«Cela représente plus d’un quart (des) effectifs», déplore Filippo Grandi, qui avertit que d’autres suppressions d’emploi sont à redouter. Un porte-parole du HCR précise que ces pertes concernent aussi bien des employés à temps plein que des personnes sous contrat temporaire ou des consultants.

«Aucun pays, aucun secteur, aucun partenaire n’a été épargné», martèle le Haut-Commissaire, évoquant un impact est «dévastateur», avec l’arrêt contraint de plusieurs programmes essentiels, dont l’appui psychosocial pour les survivants de torture ou l’aide alimentaire. «C’est ce qui se passe lorsque vous réduisez le financement de plus d’un milliard de dollars en quelques semaines», appuie-t-il.

Le HCR est confronté à une crise immense : les déplacements de réfugiés dans le monde augmentent rapidement, alors même que le financement de l’aide internationale diminue drastiquement. Une situation qui s’aggrave depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Les États-Unis étaient depuis toujours et de très loin le principal donateur de nombreuses agences et organisations humanitaires. Washington fournissait 40 % du budget du HCR, avant que le gouvernement de Trump n’ordonne des coupes drastiques. Des restrictions budgétaires dans d’autres grands pays donateurs ont placé l’agence dans une situation critique, reconnaît Filippo Grandi.

Baisse de 25 % des fonds

«Les chiffres sont sombres», déclare le responsable onusien. Le budget 2025 du HCR, approuvé par les Etats, s’élève à 10,6 milliards de dollars. Le Haut-Commissaire avait préparé l’agence à une baisse de 10 % des contributions attendues cette année, mais la situation se révèle «nettement pire». «Dans l’état actuel des choses, nous projetons de terminer 2025 avec 3,9 milliards de dollars de fonds disponibles - une diminution de 1,3 milliard de dollars par rapport à 2024, soit environ 25 % de moins», avertit-il.

La dernière fois que le HCR a disposé de moins de 4 milliards de dollars remonte à 2015 ; le nombre de personnes déplacées dans le monde était alors moitié moins élevé qu’aujourd’hui, souligne le dirigeant de l’agence, dont le mandat s’achève en fin d’année.