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Sori Paviasen, 33 ans, aide à la tonte des moutons dans une ferme proche de Qassiarsuk, le 18 mars.Sori Paviasen, 33 ans, aide à la tonte des moutons dans une ferme proche de Qassiarsuk, le 18 mars. (Juliette Pavy/Hors Format pour Libération)

Reportage

Dans le sud du Groenland, la vie sur un fil des éleveurs de moutons

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L’élevage, instauré par les Vikings puis réintroduit au début du XXe siècle, pâtit du réchauffement climatique, quatre fois plus rapide au Groenland que dans le reste du monde. Mais fermiers et habitants s’adaptent et expérimentent.
publié le 30 mars 2025 à 18h10

Dans un nuage de gasoil qui jure avec le paysage majestueux du sud du Groenland, le petit bateau s’ébroue et laisse une traînée bleu clair dans l’eau glacée. A l’arrière, le massif de roches noires et de neige, qui sépare la vallée du glacier, s’éloigne. A la proue, on distingue vite sur l’autre rive du fjord de Tunulliarfik le débarcadère entouré de quelques maisons qui forment le village de Qassiarsuk. Le bateau est l’un des premiers à traverser depuis le début de l’année. Quelques jours plus tôt, le fjord était encore couvert d’une épaisse couche de glace, parcourue par les motoneiges.

Mais il a fait chaud, beaucoup trop chaud pour un mois de mars au Groenland. Pendant cinq jours, les températures sont restées constamment positives, même la nuit. Elles ont été jusqu’à atteindre 14 degrés le 12 mars, soit 20 degrés de plus qu’une semaine plus tôt, avant de replonger. Ces épisodes anormaux se font de plus en plus fréquents : en moyenne, le Groenland se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du globe.

Ellen Karen Frederiksen, l’ancienne institutrice du village, peut dater très précisément l’arrivée du changement climati

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