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Trajectoire

De l’UE à Matignon, Michel Barnier ou l’éternel retour

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Quatre fois ministre, deux fois commissaire européen, député, sénateur, conseiller spécial du président de la Commission… A 73 ans, l’insaisissable et ultratenace nouveau Premier ministre inscrit une dernière ligne à son CV.
Michel Barnier, à Paris, le 5 septembre 2024. (Albert Facelly/Libération)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 5 septembre 2024 à 18h15

Lorsqu’on croit en avoir terminé avec Michel Barnier, ex-plus jeune élu de la République à 22 ans, il resurgit là où ne l’attendait pas tel le sparadrap du capitaine Haddock dans l’Affaire Tournesol : à la surprise générale, le voici désormais à 73 ans plus vieux Premier ministre de la République après avoir exercé à peu près toutes les fonctions disponibles dans la République, d’élu local, à ministre, en passant par la Commission ou encore la négociation du Brexit

C’est d’ailleurs dans cette dernière fonction qu’il a connu l’apogée de sa carrière, en réussissant à conduire vers la sortie le Royaume-Uni, le 31 janvier 2020, à l’issue de négociations à la fois folles et techniquement complexes. Après sa tentative malheureuse d’obtenir l’investiture de LR pour la présidentielle de 2022, on le croyait définitivement rangé des voitures. Mais les vieux artistes ont toujours du mal à raccrocher.

Terrasse d’un luxueux hôtel

On imagine sans peine le calvaire qu’ont dû vivre les Britanniques face à Michel Barnier. Comment saisir un tel homme qui ne laisse jamais affleurer la moindre émotion, quasiment imperméable à l’humour et à l’understatement, ce joyau anglais qui laisse entendre le contraire de ce que l’on dit, poli en toutes circonstances, sans faille apparente dans laquelle s’engouffrer pour le déséquilibrer. Ce Savoyard, natif