C’est une institution méconnue, au cœur de jeux de réseaux et de pouvoir discrets. Basée à Paris, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui compte 88 Etats membres, plus de 80 millions d’euros de budget et près de 350 collaborateurs, s’apprête à célébrer son cinquantième anniversaire. Mais ses missions et son fonctionnement suscitent toujours les interrogations. Libération a eu accès à de nombreux documents internes, rapports d’audit, bilans comptables et notes juridiques qui font état de graves défaillances au sein de l’organisation : recrutements discrétionnaires, manque de transparence, dépenses et frais de représentations exorbitants, opérations financières suspectes, la liste est longue. Et l’arrivée d’une nouvelle équipe à la tête de l’organisation ne semble pas avoir mis fin à ces dérives.
Ce 12 octobre 2018, une cinquantaine de dirigeants internationaux sont rassemblés à Erevan, en Arménie. Point d’orgue du sommet auquel participe Emmanuel Macron, l’élection de la nouvelle secrétaire générale de l’OIF. Depuis plusieurs mois, deux femmes font campagne pour le poste. D’un côté, la secrétaire générale sortante, la Canadienne Michaëlle Jean, qui brigue un second mandat de quatre ans avec l’appui de son pays et du Québec, fervent défenseur de la francophonie. De l’autre, l’ancienne ministre des Affaires étrangères rwandaise,