Cinquante grammes de nitrite de sodium glissés dans une simple enveloppe. Pendant deux ans et demi, Kenneth Law a vendu la mort par la poste, pour la modique somme de 55 euros. Le business morbide de ce Canadien, interpellé en mai 2023 alors âgé de 57 ans, puis inculpé en janvier dernier de 14 meurtres avec préméditation, aurait fait en réalité des dizaines, voire une centaine de victimes à travers le monde. Son procès a été fixé au 2 septembre 2025. Mais à nouveau ce lundi 22 juillet, la mort de quatre Néo-Zélandais, dont l’un en avril dernier, aurait bien un lien avec les «kits de suicide» mis en ligne par Kenneth Law, dès la fin de l’année 2020.
Etats-Unis, Italie, Australie, Irlande. En tout, plus de 1 200 colis ont été recensés dans quelque 40 pays. Au Royaume-Uni, au moins 272 personnes ont acheté les produits vendus sur les différents sites internet de Kenneth Law. Quatre-vingt huit d’entre elles s’en sont servi. Pour mener son trafic, le cinquantenaire originaire de Mississauga, en Ontario, ciblait les personnes fragiles. «Ils m’appelaient Dieu», s’était même vanté l’intéressé auprès d’un journaliste du quotidien The Times ayant fait éclater l’affaire, qui s’était fait passer pour une personne suicidaire. Il se défendait alors de vendre «un produit légal» sans avoir de contrôle sur «ce qu’en fait la personne ensuite».
Une dette de 120 000 euros
Dans les faits, Kenneth Law vendait un simple additif alimentaire dans la conservation des viandes, le nitrite de sodium. Cette poudre blanche, si elle est consommée à très forte dose, peut «réduire le taux d’oxygène, entraver la respiration et entraîner la mort», avait expliqué la police canadienne, qui soupçonne le cinquantenaire d’avoir découvert cette substance lors de son activité dans les cuisines d’un hôtel de Toronto. Lors de sa première comparution, les autorités apprennent que l’ancien cuisinier avait déclaré faillite en avril 2020, en pleine pandémie de Covid-19. Montant de son endettement : 120 000 euros. «J’avais besoin d’une source de revenus. J’espère que vous pouvez le comprendre. J’avais besoin de me nourrir», avait-il alors tenté de se justifier.
Mal-être
Le nombre exact des victimes de Kenneth Law, toutes âgées pour le moment entre 16 et 36 ans, n’est pas arrêté. Les familles souhaitent que le procès porte également sur les sites internet qui permettent la mise en vente de ce type de produit. Sur certains forums «pro-suicide», où Kenneth Law est référencé, des utilisateurs discutent ouvertement des différentes méthodes pour mettre fin à leurs jours. Et l’utilisation du nitrite de sodium – par ailleurs en vente sur… Amazon – deviendrait de plus en plus répandue chez les jeunes.