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Libération
Coup d'Etat manqué

Deux Français jugés pour complot contre le président de Madagascar

Le procès des ex-militaires Paul Maillot Rafanoharana et Philippe François a démarré ce lundi à Antananarivo, après quatre mois et demi d’enquête. Ils sont jugés pour atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs et complot en vue d’assassiner le chef de l’Etat malgache.
Le président malgache, Andry Rajoelina, le 26 juin à Antananarivo. (Rijasolo/AFP)
publié le 6 décembre 2021 à 15h47

Mais pourquoi donc Paul Maillot Rafanoharana et Philippe François auraient-ils pu vouloir assassiner le président de Madagascar, Andry Rajoelina ? Le procès qui s’est ouvert ce lundi dans la capitale Antananarivo devrait permettre d’y voir plus clair, quatre mois et demi après l’arrestation des deux anciens militaires français accusés par la procureure générale d’avoir «échafaudé un plan d’élimination et de neutralisation de diverses personnalités malgaches, dont le chef de l’Etat». Jugés en compagnie de leurs épouses et de dix-sept autres personnes, les deux hommes clament leur innocence.

Tous deux anciens de Saint-Cyr, Paul Maillot Rafanoharana et Philippe François ont été interpellés à Antanarivo le 20 juillet. En détention provisoire depuis cette date, ils sont poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs et complot en vue d’assassiner le chef d’Etat malgache.

«Preuves matérielles»

Le premier est un ancien gendarme reconverti dans les affaires et qui dispose de la double nationalité franco-malgache. Proche d’Andry Rajoelina, dont il a été le conseiller diplomatique au début des années 2010, il était, d’après un bon connaisseur de la politique malgache interrogé par Libération en juillet, «une personnalité un peu fantasque […] qui criait sur tous les toits depuis quelques mois qu’il allait être nommé Premier ministre». Philippe François, de son côté, est un colonel à la retraite qui a servi au Tchad et en Côte-d’Ivoire. Les deux hommes ont été brièvement associés au sein du fonds d’investissement Tsara First, lancé fin 2020 par Paul Maillot Rafanoharana et dont Philippe François a occupé la direction générale jusqu’en juin.

La procureure générale avait fait état au moment des interpellations de «preuves matérielles» sur l’existence d’un complot contre le président Rajoelina et plusieurs ministres baptisé «Apollo 21» car il devait se dérouler le 21 juillet. Des perquisitions aux domiciles des deux Français avaient permis de retrouver «une grande quantité d’armes, d’argent, et des documents compromettants». Un fusil à pompe avait notamment été saisi.

A l’encontre de ces éléments, Paul Maillot Rafanoharana et Philippe François nient toute implication dans le projet d’assassinat. L’avocate de l’ancien gendarme a dénoncé auprès de l’AFP un «procès inéquitable». «Nous n’avons pas eu assez de temps pour préparer la stratégie de défense, avec un accès difficile à nos clients», a-t-elle regretté. Philippe François a reçu le soutien de ses anciens camarades de promotion à Saint-Cyr, qui se sont dits «convaincus de son innocence» dans un communiqué. Le procès devrait durer trois ou quatre jours, selon les avocats de la défense.