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Libération
Echange de prisonniers

Deux Suédois détenus en Iran libérés

Stockholm et Téhéran ont procédé samedi 15 juin 2024 à un échange de prisonniers, qui a conduit à la libération côté iranien d’un haut responsable de l’administration pénitentiaire, condamné à perpétuité pour son rôle dans des exécutions de masse.
Le diplomate suédois Johan Floderus était incarcéré en Iran depuis avril 2022 pour «corruption sur terre», un délit passible de la peine de mort. Sur la photo, il assiste à une audience du tribunal à Téhéran, le 10 décembre 2023. (Amir Abbas Ghasemi/AFP)
publié le 15 juin 2024 à 16h11
(mis à jour le 15 juin 2024 à 17h59)

Le premier, Johan Floderus, était incarcéré en Iran depuis avril 2022 pour «corruption sur terre», un délit passible de la peine de mort, pour avoir prétendument conspiré avec Israël, l’ennemi juré de la République islamique. Il avait été arrêté à l’aéroport de Téhéran alors qu’il rentrait chez lui après un voyage sur place avec des amis. Le second, Said Azizi, avait été arrêté en novembre 2023. Ces deux diplomates suédois ont été libérés samedi 15 juin après l’échange d’un prisonnier iranien détenu en Suède, Hamid Noury. «Ils retrouveront enfin leurs proches», s’est félicité le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, en évoquant ses compatriotes en route vers le royaume scandinave.

Lui aussi sur le chemin du retour via Mascate – la capitale du sultanat d’Oman qui a servi d’intermédiaire dans les négociations entre Stockholm et Téhéran – l’Iranien Hamid Noury, ancien haut responsable de l’administration pénitentiaire, est attendu dans son pays en fin d’après-midi. Agé de 63 ans, il avait été arrêté en 2019 à Stockholm puis condamné à la perpétuité pour «crimes aggravés contre le droit international» et «meurtres», pour le rôle qu’il a joué dans les exécutions de masse d’opposants ordonnées par Téhéran en 1988. Des groupes de défense des droits humains estiment qu’au moins 5 000 prisonniers ont été tués en Iran cet été-là, lors de sentences prononcées à la chaîne par des «comités de la mort». La libération de Hamid Noury est «honteuse et injustifiable», a dénoncé de son côté le Conseil national de la résistance iranienne, groupe d’opposition en exil.

«Un jeu de négociation cynique»

Les relations entre l’Iran et la Suède se sont tendues début juin lorsque les services de renseignement suédois ont assuré que l’Iran avait recruté des membres de gangs suédois pour commettre des «actes de violence», en particulier contre des intérêts israéliens en Suède – ce que Téhéran nie. Le Premier ministre suédois n’a pas dévoilé les conditions de l’échange. Mais il a qualifié de «difficiles» les décisions prises par son pays, alors que Téhéran avait fait de Floderus et d’Azizi «des pions dans un jeu de négociation cynique, dans le but de faire libérer de prison le citoyen iranien Hamid Noury détenu en Suède».

Cet échange de prisonniers intervient trois jours après la libération du Français Louis Arnaud, détenu en Iran depuis septembre 2022, et à deux semaines de la présidentielle iranienne, organisée après la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai.

«Diplomatie des otages»

La République islamique détient encore huit Européens, parmi lesquels trois Français. Les gouvernements, les groupes de défense des droits de l’homme et les familles des ressortissants étrangers détenus accusent Téhéran de se livrer à une «diplomatie des otages». L’Iran, de son côté, a toujours affirmé qu’ils étaient détenus sur la base de décisions de justice.

Au moment où était révélé cet échange de prisonniers, les ministères des Affaires étrangères de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni ont «condamné les dernières mesures de l’Iran», telles que rapportées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), «visant une nouvelle expansion de son programme nucléaire».

Mis à jour à 17h29 avec la déclaration du Conseil national de la résistance iranienne