A leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans l’assuraient : ils seraient les promoteurs d’un ordre régional serein, empreint d’ententes cordiales et respectueuses avec les pays voisins. Deux ans plus tard, l’inverse s’est produit. Ils se sont brouillés avec la plupart d’entre eux, que ce soit le Pakistan, l’Ouzbékistan ou l’Iran. L’Afghanistan, enclavé et sans accès à la mer, victime d’une crise humanitaire majeure, s’isole sans cesse un peu plus. «Les talibans ont abandonné l’idée d’une reconnaissance par la communauté internationale, explique Gilles Dorronsoro, professeur à Paris-I Sorbonne. Ils sont très nationalistes et n’hésitent pas à rouvrir de vieux dossiers contentieux avec leurs voisins, ce qui provoque des crises.»
Avec le Pakistan, sur la lutte contre les jihadistes
C’est avec Islamabad que les tensions sont les plus vives. Elles s’expriment depuis quelques semaines publiquement, au plus haut niveau. Le 8 novembre, lors d’une conférence de presse, le Premier ministre pakistanais par intérim Anwar ul-Haq Kakar a accusé les talibans de ne pas lutter contre les jihadistes du TTP (Tehrik-e-Taliban Pakistan), communément appelés «talibans pakistan