De la vaste villa qu’il possédait dans son village natal, il ne reste plus rien. Juste un terrain aplani, d’où émergent quelques grosses pierres désormais camouflées par les herbes folles. De là-haut, la vue est magnifique : un horizon de collines encastrées et luxuriantes qui évoquent un paradis tropical, dans cette région du nord-ouest du Rwanda. Elle est pourtant encore hantée par l’enfer qui s’y est abattu plus de trois décennies auparavant, lors du génocide des Tutsis en 1994. Près d’un million de morts en seulement trois mois. Les paysans du coin le confirment pudiquement : à la fin des massacres, quand les maîtres du pays ont pris la fuite, la maison de «Monsieur Z» a été méthodiquement détruite, comme pour effacer jusqu’à son souvenir.
«Monsieur Z», comme on l’appelait déjà bien avant le génocide, de son vrai nom Protais Zigiranyirazo, est décédé à 87 ans, loin de sa villa, à Niamey, capitale du Niger, au cœur des sables du Sahel, où il avait été contraint à l’exil. L’annonce de sa mort a eu lieu mercredi 6 août. Cet homme autrefois si puissant et redouté, serait décédé trois jours plus tôt.
La maison est effacée, mais ni la réputation, ni le souvenir de cet homme à la carrure large et au regard perçant. Il s’impose comme une figure publique, connu de tous, dès la fin des années 1970 et jusqu’au génocide des Tu