Une commission d’enquête codirigée par Aïchatou Mindaoudou, ex-ministre nigérienne des Affaires étrangères, et Julienne Lusenge, avocate congolaise, a révélé que des employés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont commis des violences sexuelles sur des dizaines de personnes en république démocratique du Congo (RDC) entre 2018 et 2020. Le rapport, publié mardi, dénonce des «défaillances structurelles» et des «négligences individuelles».
L’enquête de la commission, lancée par le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait commencé en octobre 2020. Une partie des personnes coupables d’agressions sexuelles sont des membres du personnel, étrangers ou Congolais, agents de sécurité ou médecins. Les autres faisaient aussi partie des équipes mises en place par l’OMS pour lutter contre l’épidémie d’Ebola, qui a gravement touché le pays, sans être directement employés par l’organisation. Les enquêteurs ont reconnu environ 75 victimes. Toutes sont des femmes, qui s’étaient vues proposer des emplois en échange de faveurs sexuelles.
Culture de l’impunité
Le rapport a identifié environ 83 auteurs présumés dont 21 qui travaillent ou travaillaient pour l’organisation. A la publication du rapport, l’OMS a mis fin à quatre contrats, les autres ayant été embauchés pour une courte durée. Le rapport évoque au moins neuf viols, 29 grossesses menées à terme et six victimes ayant fait des fausses couches. Certaines ont dû avorter, parfois sous la pression de leurs agresseurs. La culture de l’impunité présente chez certains membres de l’OMS y est également dénoncée ainsi que la complicité des personnes alertées et qui n’ont pas fait de signalements.
Le président Tedros Adhanom Ghebreyesus s’est dit horrifié par les faits et a présenté ses excuses, mardi à Genève, lors d’une conférence de presse. «Les comportements décrits dans ce rapport sont abjects et sont non seulement une trahison des gens qu’on prétend servir, mais aussi une trahison des membres de l’OMS qui se mettent en danger pour aider les autres. Y compris ceux qui ont été tués par des groupes armés alors qu’ils protégeaient les gens d’Ebola.» Tedros Adhanom Ghebreyesus a présenté ses excuses aux victimes, en promettant une réponse rapide et ferme : «Je suis désolé pour ce qui vous a été fait par des personnes qui étaient employées par l’OMS pour vous servir et vous protéger. Je suis désolé pour la souffrance continue que ces événements doivent vous causer […]. C’est inexcusable. Ma priorité absolue est de m’assurer que les auteurs ne soient pas excusés, mais qu’ils rendent des comptes.»
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