En ce week-end d’élections en Allemagne, les propositions climatiques dans les programmes des différents candidats sont particulièrement scrutées. Presque tous les partis se targuent d’objectifs climatiques ambitieux. Pourtant, une étude pour l’Institut allemand de recherche économique (DIW), publiée le 9 septembre, juge leurs propositions insuffisantes. Notamment pour atteindre l’objectif principal de la récente loi sur la protection climatique (Klimaschutzgesetz), entrée en vigueur le 29 juillet et qui vise une élimination complète des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
A l’exception de l’extrême droite (AFD) qui n’a pas jugé nécessaire de s’attarder sur la question du réchauffement climatique, les programmes des partis de la gauche (Die Linke), des Verts (Die Grünen) qui arrivent sans surprise en tête du classement, des socio-démocrates (SPD), des conservateurs (CDU) et des libéraux (FDP) ont été analysés en détail. Tous se sont engagés à atteindre l’objectif très optimiste de 1,5°C de l’Accord de Paris. Des notes ont été attribuées à chaque programme, qui présente des différences notables, sur une échelle de zéro à quatre, quatre représentant la meilleure appréciation.
Agir le plus vite possible
Aucun parti n’atteint la note parfaite. Pas même les Verts qui ne remplissent pas toutes les conditions requises et obtiennent la note de 3,62. Si les écologistes sont les meilleurs élèves, c’est parce qu’«ils font des propositions relativement concrètes et adaptées dans tous les secteurs et sujets», a estimé Claudia Kemfert, économiste spécialisée dans l’énergie et directrice de l’étude du DIW, que ce soit en ce qui concerne l’industrie, l’agriculture, la tarification du CO2, ou les questions de politique climatique internationale, ou des secteurs du transport et du bâtiment. Par exemple, les Verts ont pour projet d’implanter un programme immédiat de protection climatique. Un ministère spécifique en charge de la protection environnementale serait créé, dans le but d’agir le plus vite possible. D’ici 2035, ils ambitionnent d’être passés complètement aux énergies renouvelables et d’avoir complètement sorti le pays du charbon. Dans le secteur des transports, ils projettent d’investir 100 milliards d’euros dans la construction de gares et d’un réseau ferroviaire plus étendu.
Analyse
Die Linke se classe en deuxième position avec un total de 2,6 sur 4 en poursuivant l’objectif «zéro émission de gaz à effet de serre» d’ici 2035. Le parti de gauche propose d’appliquer aux transports publics des prix raisonnables, voire gratuits pour la circulation locale, afin d’éviter aux automobilistes d’avoir recours à leur voiture. Les vols de moins de 500 kilomètres seraient suspendus.
«Thème central du prochain gouvernement»
Les conservateurs (CDU) sont suivis de près par les socio-démocrates (SPD), avec les notes respectives de 1,81 et 1,79. Si l’étude note que ces deux partis ont certes pris conscience des enjeux climatiques, elle leur reproche de ne pas faire de propositions assez concrètes ou adaptées pour atteindre les objectifs d’ici 2030, fixés par la loi sur la protection climatique. Néanmoins, les points forts du programme des conservateurs se situent du côté de l’industrie. L’étude salue les efforts fournis par la SPD par rapport aux questions concernant les transports.
Le cancre de l’étude est le parti libéral (FDP) avec un score de 1,24. Dans les secteurs de l’agriculture et du bâtiment, aucune proposition n’a été suggérée. Pour ce qui est des autres domaines, elles reposent essentiellement sur des mécanismes de marché. Si les demandes écologiques sont à la hausse, elles vont contribuer à réguler le marché lui-même, espère la formation. Le parti n’a donc apparemment pas jugé nécessaire de faire des propositions concrètes en matière de protection climatique.
«La protection du climat sera le thème central de l’action du prochain gouvernement à venir. Pour atteindre les objectifs climatiques, des mesures globales sont nécessaires, mais pratiquement aucun parti ne les aborde actuellement de manière adéquate dans son programme électoral, explique Claudia Kemfert. En somme, c’est insuffisant. Les partis sont appelés à fournir enfin le contenu nécessaire pour une protection climatique réussie, plutôt que de débattre sur des fantômes.»
Mise à jour : article republié samedi 25 septembre à la veille du scrutin fédéral en Allemagne.