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Analyse

Embargo pétrolier : l’Arctique, nouvelle voie tactique

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Même si l’embargo européen va susciter un regain d’intérêt pour cet axe stratégique, le passage du Nord-Est qui relie la Russie et la Chine reste une voie difficile, onéreuse et risquée.
Il existe trois routes maritimes arctiques : le passage du Nord-Ouest, la route centrale arctique via le pôle Nord qui ne devrait pas être praticable avant 2050 et la route maritime du Nord, d’environ 6 000 kilomètres. (Misiurin Viacheslav/Getty Images/iStockphoto)
publié le 1er décembre 2022 à 20h49

Le Vasily Dinkov, un petit pétrolier brise-glace, arrivé à Shanghai jeudi depuis le port russe de Mourmansk via la route maritime du Nord pour répondre à une commande ponctuelle, ne doit pas faire illusion. Alors que l’embargo européen sur le pétrole russe va donner un coup de frein aux exportations vers l’Europe, il n’y a pour l’instant aucun trafic pétrolier depuis la Russie vers la Chine par la voie arctique, et il n’y en aura aucun d’ampleur à court terme. Et ce malgré le réchauffement climatique et les effets d’annonce de Moscou.

Les routes maritimes arctiques ont toujours fait fantasmer les hommes. Il en existe trois. Le passage du Nord-Ouest, chasse gardée du Canada, où transite une poignée de gros navires par an. La route centrale arctique via le pôle Nord, encore hypothétique, qui ne devrait pas être praticable avant 2050. Et la route maritime du Nord (RMN), d’environ 6 000 kilomètres, qui relie l’Atlantique au Pacifique en longeant les côtes russes. Libre de glaces l’été, elle réduit d’un tiers le chemin à parcourir entre les ports du nord de l’Europe et ceux du nord de la Chine, par rapport au passage par la Méditerranée. Mais au prix d’énormes contraintes climatiques, financières et environnementales.

«Il fait toujours nuit la moitié de l’année»

«Avec le changement climatique, les glaces se libèrent vers la fin juillet, et se reconstituent plus tard, début octobre. Mais il fait toujours nuit la moitié de l’année, et l’extension de la glace à la sortie de l’hiver n’a pas changé, explique Hervé Ba