Soixante-quatorze lits et deux enfants par lit. Le service pédiatrique d’urgence de l’hôpital de Médecins sans frontières (MSF) d’Hérat, la grande ville de l’Ouest afghan, est débordé. Il n’accueille que les cas les plus graves : des bébés, le plus souvent âgés de moins de 2 ans, qui souffrent de malnutrition aiguë et de complications. Les enfants, amenés par leur mère elle-même malnutrie qui n’arrive plus à les allaiter, viennent non seulement de la ville et de la province d’Hérat, mais aussi des régions voisines de Badghis et de Ghor. «Nous allons doubler le nombre de lits, la situation est grave», dit Julie Faucon, responsable médicale de l’hôpital de MSF. En septembre, le taux de mortalité a atteint 20%, un enfant sur cinq.
Cette crise n’est pas une surprise. Les humanitaires l’avaient prédit dès cet été, alors que la sécheresse avait largement entamé les récoltes. Elle s’est aggravée dans les semaines qui ont suivi le 15 août et la prise de pouvoir par les talibans. La communauté internationale, prise de court par la rapidité de leur conquête et la débâcle des évacuations à l’aéroport de Kaboul, a coup