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Libération
Au charbon

En Allemagne, l’évacuation de la ZAD de Lützerath débute, la police accueillie par des projectiles

De nombreux escadrons de policiers ont commencé à évacuer la ZAD de Lützerath en Allemagne où plusieurs centaines de militants se battent depuis 2020 pour empêcher l’extension d’une mine de charbon. L’opération pourrait durer plusieurs jours.
Des policiers aux abords de la ZAD de Lützerath, ce mercredi matin. (INA FASSBENDER/AFP)
publié le 11 janvier 2023 à 11h41
(mis à jour le 11 janvier 2023 à 11h42)

L’expulsion était attendue, la voilà enclenchée. Ce mercredi matin, à l’aube, la police allemande a lancé l’évacuation de la ZAD de Lützerath, où des centaines d’activistes du monde entier se sont installées depuis 2020 pour tenter de stopper l’extension d’une mine de charbon. Les forces de l’ordre, qui ont l’autorisation de chasser les militants depuis ce matin, semblent utiliser les grands moyens avec l’utilisation d’hélicoptères, de troupes de police montée, de canons à eau et de brigades canines selon Reporterre. L’opération pourrait durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, en fonction de la résistance des écologistes dans ce hameau de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Dès 7 h 45, selon le média Tagezeitung, de nombreux escadrons de policiers ont commencé à se masser autour du village abandonné, situés à 20 kilomètres au sud de Mönchengladbach, au cœur de la Ruhr. «Une chaîne sans fin de voitures de police traverse la mine à ciel ouvert», pouvait-on lire sur le canal Telegram «Lützerath Lebt ! Canal d’information», rapporte Der Spiegel. C’est finalement un peu moins d’une heure plus tard que les forces de l’ordre lanceront l’évacuation, après avoir pris le temps d’encercler le village. «La police demande à toutes les personnes de quitter Lützerath […]. En raison de l’ordre général, il vous est interdit de rester à Lützerath», ont alors tenté les policiers, accueillis par des tirs de feu d’artifice et des jets de pierres.

Encerclés, les activistes ont lancé plusieurs appels à rejoindre le site. Un porte-parole du mouvement «Lützerath bleibt» a appelé quiconque soutien la lutte à gagner le village pour «empêcher l’expulsion». «Nous formons des chaînes de personnes, nous bloquons, nous ne les laissons pas entrer», poursuivait-il dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Selon plusieurs journalistes présents sur place, les personnes souhaitant rejoindre la ZAD pourraient ne pas pouvoir atteindre le village tant la zone est quadrillée par la police. Pendant ce temps-là, à Lützerath, plusieurs activistes patientaient paisiblement dans leur cabane en jouant de la musique.

Une fois l’évacuation terminée, il est prévu que l’énergéticien RWE, qui exploite la mine de charbon à ciel ouvert Garzeilwer II, rase les habitations du site pour étendre son site. En octobre dernier, RWE est parvenu à un compromis avec les autorités allemandes. En échange de la fin de l’exploitation du charbon dès 2030 au lieu de 2038, le géant allemand de l’énergie s’est vu autorisé à exploiter le sous-sol de Lützerath. Un deal que le ministre de l’Environnement de Rhénanie-du-Nord-Westphalie Oliver Krischer (Verts) considère être un «pas important vers la protection du climat». Selon lui, 280 millions de tonnes de charbon resteront ainsi sous terre, et ne seront pas extraites. «C’est l’un des plus grands progrès que nous ayons fait ces dernières années», s’est-il félicité à la radio Deutschlandfunk. RWE estime, lui, que le charbon qui se trouve sous Lützerath est nécessaire pour économiser du gaz pour la production d’électricité en Allemagne en période de crise énergétique. Un argument rejeté par les activistes.