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Libération
Reportage

En Argentine : «Javier Milei allait virer la caste politique, mais qui a-t-il viré ? Nous, les travailleurs»

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Malgré une inflation en baisse, le coût de la vie a explosé depuis l’arrivée au pouvoir de Milei. Dans les classes populaires de Buenos Aires, même ses anciens électeurs avouent leur désenchantement pour le président argentin.

Gastón Morales, 39 ans, a été licencié du jour au lendemain par télégramme. (Anita Pouchard Serra/Anita Pouchard Serra / Libérati)
ParMathilde Guillaume
correspondante à Buenos Aires
Publié le 24/10/2025 à 11h56

«Javier Milei a fait chuter l’inflation.» Cette phrase, répétée comme un mantra et accompagnée de qualificatifs plus ou moins épiques – «antidote du cancer endémique de l’Argentine» ou «pourfendeur de la vie chère» – est le principal argument de campagne du président d’ultradroite pour les élections législatives partielles de dimanche 26 octobre, et le point central de son récent livre intitulé La Construcción del milagro : el caso argentino («la Construction du miracle : le cas argentin»). «Pourtant quand je suis au supermarché, je ne me dis pas : “Quel miracle ! Les prix ont chuté”», persifle Camila, sage-femme à Buenos Aires, qui saisit une tablette de chocolat de 100 grammes au milieu d’un rayon : elle coûte l’équivalent de 10 euros en pesos argentins, «c’est du délire !»

Paradoxe : si les chiffres de l’inflation ont en effet baissé, l’Argentine est aujourd’hui bien plus chère que lors de l’arrivée de Javier Milei au pouvoir. Hors de prix, même : 3 euros un café dans un bar, 1,20 euro le litre de lait, 1,50 euro le ticket de bus… Le coût de la vie, l’un des moins onéreux d’Amérique latine il y a deux ans, approche aujourd’hui celui de la France. La plupart des salaires, quant à eux, sont restés figés dans le passé. Le revenu minimum est de 200 euros, et 80 % des Argentins gagnent moins de 600 euros. Camila à peine plus : 610. Alors, comme la majorité de ses compatriotes, elle rogne sur toutes ses dépenses superflues,