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En Asie du Sud-Est, la guerre du sable fait boule de neige

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Des récentes extractions au large d’un archipel taïwanais rappellent que cette ressource naturelle reste la plus utilisée après l’eau. Les prochaines années s’annoncent alarmantes pour la santé des écosystèmes marins et fluviaux et le sort de millions de personnes, dans un secteur opaque et violent.
Un navire chinois de dragage de sable confisqué rejette le sable sur la côte après avoir été attrapé par les garde-côtes taïwanais, dans le canton de Nangan, comté de Lienchiang, le 17 juillet 2020. (Aya Liu/AYA LIU via REUTERS)
publié le 12 juin 2021 à 11h50

De longues dragueuses et des barges ventrues sillonnent des eaux bleues laissant dans leur sillage des nuages de poussière en suspension dans une mer turbide. Nous sommes à une dizaine de kilomètres des côtes chinoises de la province du Fujian (sud-est du pays), dans l’archipel des Matsu, un chapelet d’îles contrôlées par Taiwan, mais dans le viseur des autorités chinoises. Les images aériennes de Reuters ne laissent guère de place au doute : ces barges aspirent à grande échelle des tonnes de sable des fonds marins. «Cette extraction se poursuit également dans les îles Kinmen et Penghu. Mais c’est dans les alentours de Matsu qu’elle est la plus grave», raconte un diplomate taïwanais qui suit ce nouvel épisode des pressions tous azimuts de la Chine sur la démocratie taïwanaise et ses 23 millions d’habitants.

Depuis un an, Taipei a vu les incursions chinoises se multiplier aux abords des îlots qui forment les Matsu (Dongyin, Liang, Gaodeng, Beigan, Nangan, Dongjyu et Xijyu), voire dans ses eaux territoriales. Entre juin et décembre 2020, les garde-côtes taïwanais, en alerte constante et sous-équipés, ont expulsé environ 240 dragueuses chinoises – parfois des mastodontes de plusieurs milliers de tonnes – des eaux de ce petit archipel. Cette extraction pirate est une nouvelle arme utilisée par Pékin dans sa stratégie de la tension à l’encontre de Taiwan, indépendante de facto depuis 1949, mais que le régime chinois entend soumettre et mettre au pas. Tout en prélevant une m