En résumé :
- La nouvelle vague de droits de douane voulus par Donald Trump était entrée en vigueur ce mercredi 9 avril. Le taux additionnel imposé depuis samedi sur tous les produits importés aux Etats-Unis devait être relevé pour plusieurs dizaines de pays, dont l’UE, qui devait voir ce chiffre grimper à 20 %. Finalement, Donald Trump a annoncé dans la soirée le lancement d’une «pause» de 90 jours sur les surtaxes douanières, tout en maintenant un taux universel plancher de 10% de droits de douane.
- Les tensions commerciales entre Washington et Pékin sont maximales, la Maison Blanche ayant confirmé une taxation supplémentaire des produits chinois de 104 % au total à partir de ce mercredi, portée dans la soirée à 125% par Donald Trump. Avant cette dernière annonce de mercredi soir, la Chine avait annoncé qu’elle allait porter ses surtaxes de rétorsion contre les produits américains à 84 %, et non pas à 34 % comme initialement prévu.
- Les cours du pétrole, en grande difficulté en début de séance, se sont envolés ce mercredi à l’annonce par Donald Trump d’une pause de 90 jours sur les droits de douane réciproques imposés par Washington à des dizaines de ses partenaires commerciaux.
- L’UE a adopté ses premières mesures de riposte. Lors d’un vote mercredi après-midi, les Etats membres ont donné leur feu vert à la taxation d’une première liste de plus 20 milliards d’euros de marchandises américaines. Ces mesures répondent aux taxes de 25 % imposées sur l’acier et l’aluminium par Washington mi-mars.
Wall Street s’envole grâce à la pause tarifaire de Trump, le Nasdaq clôture en hausse de 12,4 %. Après une ouverture mitigée, la Bourse de New York a connu une volte-face spectaculaire mercredi suite à l’annonce par Donald Trump d’une pause sur certains droits de douanes, propulsant les indices vedettes de la place américaine. Le Dow Jones s’est envolé de 7,87%, l’indice Nasdaq de 12,16% et l’indice élargi S&P 500 de 9,52%.
Trump admet qu’il «observait» le marché de la dette avant sa volte-face. Donald Trump a reconnu mercredi qu’il surveillait la chute du marché américain de la dette avant de décider une pause dans sa guerre des droits de douane avec le reste du monde, à l’exception de la Chine. «Je surveillais le marché des obligations. C’est un marché très compliqué», a déclaré le président américain devant la presse, ajoutant avoir constaté mardi soir que ses surtaxes douanières «effrayaient un peu». «Il faut être flexible», a-t-il lancé, pour expliquer sa décision de suspendre pendant 90 jours ses hausses de droits de douane, ramenées à 10% pour l’ensemble des pays du monde, à l’exception de la Chine, pénalisée à hauteur de 125%.
Merz, le patron de l’Allemagne, affirme que la pause tarifaire de Trump était une «réaction à la détermination des Européens». Le futur chancelier allemand, Friedrich Merz, a estimé mercredi que la décision du président américain Donald Trump de suspendre les augmentations de droits de douane prévues pour la plupart des pays était «réaction à la détermination des Européens». Friedrich Merz a également déclaré dans une autre interview qu’il prévoyait de rencontrer Donald Trump «peu de temps» après son entrée en fonction.
Trump affirme que des accords seront conclus avec la Chine et «tous» les autres pays sur les tarifs douaniers. Le président américain Donald Trump a prédit mercredi que des accords commerciaux seraient conclus avec tous les pays, y compris la Chine, mais a déclaré qu’il ne pensait pas que Pékin était encore prêt. «Un accord sera conclu avec la Chine. Un accord sera conclu avec chacun d’entre eux», a déclaré Trump à la Maison Blanche. Cependant, les dirigeants chinois «ne savent pas vraiment comment s’y prendre», a-t-il ajouté.
Le gouverneur de la Banque de France salue un «début de retour à la raison économique» après le revirement de Trump sur les droits de douane. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a salué mercredi un «début de retour à la raison économique», après la suspension, par Donald Trump, d’une partie des nouveaux droits de douane imposés aux partenaires commerciaux des États-Unis. «Je salue (...) ce retour à la raison économique et à un peu de réalisme», a-t-il déclaré, lors d’une interview au journal télévisé de France 2, tout en mettant en garde contre la « grande imprévisibilité » de la politique américaine.
La guerre commerciale USA-Chine pourrait réduire de «jusqu’à 80%» le commerce entre les deux pays. La guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine pourrait réduire de «jusqu’à 80%» le commerce de marchandises entre les deux premières économies du globe et effacer «près de 7%» du PIB mondial sur le long terme, a mis en garde mercredi la directrice générale de l’OMC. «Nos projections préliminaires suggèrent que les échanges de marchandises entre ces deux économies (Etats-Unis et Chine Ndlr) pourraient diminuer de jusqu’à 80%» à cause des tensions commerciales, a déclaré Mme Ngozi Okonjo-Iweala dans un communiqué, ajoutant qu’«une division de l’économie mondiale en deux blocs pourrait entraîner une réduction à long terme du PIB réel mondial de près de 7%».
Wall Street : le Nasdaq bondit de plus de 10% après le revirement de Trump sur les droits de douane. L’indice Nasdaq s’est envolé de plus de 10% à la Bourse de New York mercredi après la volte-face de Donald Trump qui a annoncé qu’il suspendait pendant trois mois une partie des surtaxes imposées aux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Vers 20h25, l’indice Nasdaq - à forte coloration technologique -, prend 10,55% à 16 877,91 points.
La prévision de croissance 2025 abaissée à 0,7%, annonce Lombard. Le gouvernement français a ramené à 0,7% sa prévision de croissance de l’activité économique française en 2025, contre 0,9% prévu précédemment, «compte tenu des incertitudes», a annoncé mercredi le ministre de l’Economie Eric Lombard sur TF1. Interrogé sur une éventuelle nouvelle révision de ce taux à l’avenir, le ministre a répondu que cela «dépend(ait) des négociations qui vont s’engager avec l’Amérique et des décisions qui sont prises sur les droits de douane». «Si on réussit à faire baisser les droits de douane, on peut même avoir mieux et sinon nous verrons», a-t-il ajouté.
Pause dans les droits de douane : «C’était sa stratégie depuis le début», assure un ministre de Trump. La «stratégie» de Donald Trump a payé, a assuré mercredi le ministre des Finances du président américain, Scott Bessent, après l’annonce d’une pause dans les hausses de droits de douane imposées au reste du monde, à l’exception de la Chine. «C’était sa stratégie depuis le début et on pourrait même dire qu’il a poussé la Chine à la faute», a déclaré le secrétaire au Trésor devant la presse, quelques minutes après la «pause» de 90 jours annoncée par Donald Trump dans la guerre commerciale mondiale, sauf vis-à-vis de la Chine qui se voit imposer une nouvelle surtaxe.
Analyse
Pour le ministre américain des Finances, les politiques économiques de la Chine sont «un problème» pour le monde. Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a de nouveau tapé sur la Chine ce mercredi, pour justifier d’une nouvelle hausse des droits de douane contre Pékin voulue par Donald Trump pour les porter à 125%, estimant que la politique économique du rival des Etats-Unis était «un problème pour le reste du monde». «La Chine est l’économie la plus déséquilibrée de l’histoire moderne et ils sont la principale source des problèmes commerciaux des Etats-Unis et, en effet, ils sont un problème pour le reste du monde», a déclaré Bessent à la presse devant la Maison Blanche, estimant que les droits de douane américains avaient entraîné l’envoi massif de produits chinois à bas prix vers l’Europe.
La Maison Blanche salue une «stratégie de négociations réussie». S’exprimant devant la Maison Blanche, la porte-parole, Karoline Leavitt, et le ministre du Trésor, Scott Bessent, ont confirmé la teneur de l’annonce livrée par Donald Trump sur Truth Social : un taux universel de 10 % de droits de douane à l’exception de la Chine (celle-ci subissant un relèvement à 125 % en réplique à sa propre riposte) et 90 jours de moratoire afin de discuter avec «tout pays qui voudrait négocier». Bessent a loué le «grand courage» du président Trump, lui ayant permis de «tenir jusqu’ici» cette «stratégie de négociations réussie», dont c’était la décision d’attendre que les marchés s’effondrent et la panique s’installe jour après jour pendant une semaine avant de suspendre l’effet de ses annonces du «Liberation Day» : «Personne ne sait se mettre en position de force comme le président Trump.» Par Julien Gester, correspondant à New York
Le pétrole se retourne à l’annonce d’une pause sur une partie des droits de douane réciproques. Les cours du pétrole, en grande difficulté en début de séance, se sont envolés ce mercredi à l’annonce par Donald Trump d’une pause de 90 jours sur les droits de douane réciproques imposés par Washington à des dizaines de ses partenaires commerciaux. Vers 19 h 30 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord gagnait 0,97% à 63,43 dollars après avoir dévissé de plus de 5% en cours de séance, et s’être affiché brièvement au plus bas depuis février 2021. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, prenait 1,17% à 60,28 dollars après avoir lui aussi chuté de plus de 5%.
Trump dit suspendre 90 jours une partie de ses surtaxes douanières «réciproques» hors Chine, Wall Street s’envole. Enième revirement du président américain ce mercredi soir qui a annoncé sur son réseau Truth Social «une pause de 90 jours et un tarif réciproque considérablement réduit pendant cette période, de 10 %, également avec effet immédiat» pour tous les pays visés par les surtaxes douanières américaines sauf la Chine. Comprendre : les 10 % planchers sont maintenus. Donald Trump explique avoir pris en compte les demandes de négociations de «plus de 75 pays» concernés. Ces tarifs différenciés avaient été annoncés le 2 avril en grande pompe, lors du «Liberation Day», et étaient entrés en vigueur ce mercredi 9 avril. Un répit qui ne concerne pas la Chine, qui se voit accablée une fois de plus par le président américain : «Compte tenu du manque de respect dont la Chine a fait preuve à l’égard des marchés mondiaux, j’augmente par la présente les droits de douane imposés à la Chine par les Etats-Unis d’Amérique à 125 %, avec effet immédiat.» Dans la foulée de cette annonce fracassante, la Bourse de New York s’est envolée Vers 19h30 heure française, le Dow Jones bondissait de 5,61%, l’indice Nasdaq de 7,44% et l’indice élargi S&P 500 de 6,22%.
L’Italie divise par deux sa prévision de croissance pour 2025, à 0,6%. Le gouvernement italien a confirmé ce mercredi diviser par deux sa prévision de croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour 2025 en raison de la hausse des droits de douane imposée par les Etats-Unis, à 0,6% contre 1,2% attendu précédemment. Une source gouvernementale interrogée par l’AFP avait fait état plus tôt dans la journée de cette importante correction en regard des derniers calculs de conjoncture publiés à l’automne 2024. Rome prévoit désormais 0,8% de croissance pour 2026 contre 1,1% espérés jusqu’ici, et maintient sa prévision pour 2027, à 0,8% également.
Le franc recul des Bourses européennes à la clôture. La Bourse de Paris a fortement reculé ce mercredi, plombée par une nouvelle escalade de la guerre commerciale entre Washington et Pékin, qui a annoncé des mesures de rétorsion après l’entrée en vigueur de nouvelles surtaxes américaines s’appliquant à soixante pays. Le CAC 40 a cédé 237,40 points, soit 3,34%, à 6 863,02 points, tombant à son plus bas niveau depuis novembre 2023. La veille, l’indice vedette parisien avait rebondi de 2,5% à 7 100,42 points. Depuis le début du mois d’avril, le CAC 40 cède 11,91%. En Europe, les marchés boursiers ont également franchement reculé. Francfort a perdu 3 %, après avoir cédé comme Paris plus de 4% durant la séance. Londres a lâché 2,92% et Milan 2,75%.
La Suisse table sur le dialogue avec les Etats-Unis. Sous le choc des 31 % de droits de douane imposés depuis ce mercredi par le grand allié américain, la Suisse a décidé d’intensifier ses contacts avec l’administration Trump. Au cours d’une conversation téléphonique «avec le président Donald Trump, j’ai fait part de la position suisse sur le commerce bilatéral ainsi que de possibles réponses aux attentes des USA», a ainsi déclaré ce mercredi la présidente suisse Karin Keller-Sutter, sur le réseau social X. «Nous avons convenu de poursuivre les discussions pour trouver des solutions dans l’intérêt de nos deux pays», a-t-elle ajouté. Pour l’instant, la Suisse, qui affiche un excédent commercial important avec les Etats-Unis et dont les secteurs des machines-outils ou de l’horlogerie pourraient faire les frais des nouveaux droits de douane, veut à tout prix éviter l’escalade et n’a pas prévu de mesures de rétorsion, privilégiant le dialogue.
Le ministre de l’Economie évoque un impact «gérable» des droits de douane. Le ministre de l’Economie Eric Lombard a reçu ce mercredi après-midi les acteurs économiques à Bercy afin de «dialoguer» avec eux, estimant «gérable» à ce stade l’impact économique de la hausse des droits de douane américains. Evoquant devant les intervenants «un moment grave de notre histoire économique et peut-être de notre histoire tout court», Eric Lombard a affirmé que cette réunion avait pour objectif de recueillir leurs remarques avant une nouvelle riposte de l’Union européenne. «Même si l’impact est très sérieux […], l’impact économique, en réalité, dans un premier temps, sera gérable», a-t-il ajouté dans ses propos liminaires.
La cote de popularité de Trump baisse encore (un peu). Selon un nouveau sondage Economist-YouGov, le taux d’approbation global du président Donald Trump a baissé à 43 %, contre 46 % la semaine précédente et 48 % il y a deux semaines. Cette variation peut sembler minime statistiquement, mais c’est le niveau le plus bas enregistré dans cette enquête hebdomadaire depuis le début du second mandat de Trump. Ainsi, 6 Américains sur 10 disent avoir «beaucoup» entendu parler des récents tarifs douaniers annoncés par Trump, lesquels sont plutôt impopulaires : 36 % les approuvent tandis que 52 % les désapprouvent. Une écrasante majorité (80 %) s’attend à ce que ces tarifs fassent augmenter les prix des produits qu’ils consomment, d’après le sondage, qui a été réalisé en ligne du 5 au 8 avril auprès de 1 741 adultes américains. Interrogés sur l’impact des tarifs sur l’industrie manufacturière américaine, 35 % pensent qu’ils seront bénéfiques, contre 39 % qui estiment qu’ils seront néfastes.
Est-ce qu’Airbus doit payer la surtaxe douanière sur des avions déjà commandés ? Delta Airlines n’a aucune intention de payer la surtaxe des droits de douane sur les avions qu’elle a déjà commandés, a affirmé son PDG, Ed Bastian, lors de la présentation des résultats trimestriels de la compagnie cet après-midi. Ed Bastian assure avoir transmis ce message à Airbus, qu’il a qualifié de «partenaire de confiance», laissant ainsi planer l’autre possibilité : qu’il appartiendra à Airbus de payer ces 20 % supplémentaires. «Si vous ajoutez un coût supplémentaire de 20 % sur un avion, il devient très difficile de faire en sorte que l’équation financière tienne. Nous avons été clairs avec Airbus à ce sujet et nous allons gérer la situation au fur et à mesure», a expliqué Ed Bastian.
«L’Europe est ouverte au commerce et à l’investissement», assure Ursula von der Leyen. Face aux représentants de la Chambre américaine de commerce en France, la présidente de la Commission européenne a tenté de les convaincre d’investir dans l’Union européenne, arguant que l’Europe est «ouverte au commerce et à l’investissement». Sur X, Ursula von der Leyen a précisé vouloir négocier plutôt qu’aggraver la guerre commerciale «pour maintenir les chaînes d’approvisionnement UE-Etats-Unis fluides et solides.»