En résumé :
- Les dirigeants des Vingt-Sept, réunis ce jeudi 6 mars à Bruxelles, ont donné leur feu vert à un plan de la Commission européenne qui vise à mobiliser quelque 800 milliards d’euros pour renforcer leur défense, a annoncé une porte-parole de l’UE.
- Mercredi soir, Emmanuel Macron a prononcé une allocution à 20 heures, «dans ce moment de grande incertitude où le monde est confronté à ses plus grands défis». Il a appelé à une Europe de la Défense, et donc à davantage d’investissement dans le secteur, en France comme dans l’UE. Il a également annoncé la tenue d’une réunion des chefs d’états-majors des pays européens prêts à garantir une future paix en Ukraine à Paris, mardi 11 mars.
- La Russie a dénoncé ce jeudi le discours «déconnecté de la réalité» du président français Emmanuel Macron qui y est allé fort contre Moscou, fustigeant son «agressivité», qui «ne semble pas connaître de frontières». Il a également interpellé : «Qui peut croire que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ?»
- Retrouvez ici notre live de mercredi.
Trump remet en cause une nouvelle fois l’engagement américain au sein de l’Otan. Le président américain a encore remis en question jeudi l’engagement américain au sein de l’Otan, estimant que les Etats-Unis ne devaient pas venir au secours des pays qui, à ses yeux, ne dépensent pas assez pour leur propre défense. «S’ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre», a indiqué le président américain à des journalistes depuis la Maison Blanche.
Volodymyr Zelensky se rendra en Arabie saoudite lundi et rencontrera Mohammed ben Salmane. Alors que des délégations américaines et ukrainiennes ont prévu de se rencontrer mardi en Arabie Saoudite, Volodymyr Zelensky a annoncé, ce jeudi dans la soirée, s’y rendre dès lundi. Il y rencontrera le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane. «Lundi prochain, j’ai prévu de me rendre en Arabie saoudite pour une rencontre avec le prince héritier» Mohammed ben Salmane, a écrit le président ukrainien sur X. «Après cela, mon équipe restera en Arabie saoudite pour travailler avec nos partenaires américains», a-t-il ajouté, en assurant que l’Ukraine veut obtenir une «paix rapide et durable» pour mettre fin à l’invasion russe. Par ce déplacement, Kyiv cherche à réparer ses liens avec l’administration de Donald Trump.
L’Union européenne approuve une déclaration de soutien à l’Ukraine, sans la Hongrie. Les dirigeants de l’Union européenne réunis en sommet à Bruxelles ont approuvé ce jeudi une déclaration de soutien à l’Ukraine sans l’appui de la Hongrie, a déclaré un fonctionnaire de l’UE à Reuters. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, est le dirigeant européen le plus conciliant à l’égard de la Russie. Il avait déjà bloqué, en janvier, le renouvellement des sanctions contre les Russes.
Feu vert des 27 au plan de Bruxelles pour muscler la défense européenne. Les dirigeants des Vingt-Sept, réunis jeudi en sommet à Bruxelles, ont donné leur feu vert à un plan de la Commission européenne pour renforcer leur défense, a annoncé une porte-parole de l’UE. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé cette semaine un plan, baptisé «réarmer l’Europe», qui vise à mobiliser quelque 800 milliards d’euros, dont 150 milliards sous forme de prêts, pour renforcer les capacités de défense du continent.
Des délégations ukrainienne et américaine doivent se rencontrer mardi en Arabie saoudite. Des émissaires ukrainien et américain ont prévu de se rencontrer mardi à Ryad en Arabie Saoudite, affirme jeudi haut responsable ukrainien, Kyiv cherchant à réparer ses liens avec l’administration de Donald Trump. Le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermark, devrait mener la délégation de son pays, qui pourrait aussi inclure le ministre de la Défense Roustem Oumerov, précise le responsable, sous couvert d’anonymat. L’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, avait déclaré plus tôt qu’il rencontrerait une délégation ukrainienne la semaine prochaine, sans en préciser la date exacte.
Kyiv travaille sur des alternatives aux services de renseignement américains. Selon le Kyiv Independent, l’Ukraine n’a pas encore reçu d’informations sur les restrictions imposées par les États-Unis en matière d’échange de renseignements, mais elle étudie déjà d’autres solutions. «Nous travaillons déjà sur des alternatives, y compris en demandant (l’assistance) de l’Allemagne si nécessaire», a dit le ministre de la Défense Rustem Umerov, lors d’une conférence de presse à Berlin, à la suite d’entretiens avec son homologue allemand Boris Pistorius. Washington a mis sur pause l’échange de renseignements avec Kyiv la veille, mercredi 5 mars. Cet arrêt temporaire menace la capacité de l’Ukraine à suivre les mouvements militaires russes et à détecter les frappes aériennes contre les villes et les infrastructures ukrainiennes.
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Volodymyr Zelensky remercie Emmanuel Macron «pour sa position claire et de principe en faveur de l’Ukraine». Les deux présidents se sont vus, ce jeudi, en marge de la réunion du sommet européen à Bruxelles. Dans un post sur X accompagné d’une vidéo des deux chefs d’Etat, Volodymyr Zelensky a «remercié Emmanuel pour sa position claire et de principe en faveur de l’Ukraine». «Nous avons discuté de la prochaine réunion du 11 mars», réunion à l’initiative d’Emmanuel Macron et qui se tiendra à Paris, a fait savoir le dirigeant ukrainien. Et de préciser : «Nous avons coordonné nos positions et les prochaines étapes». «Nous partageons une vision absolument claire selon laquelle une paix réelle et durable est possible grâce à la coopération entre l’Ukraine, l’ensemble de l’Europe et les États-Unis. La guerre doit cesser le plus rapidement possible», a-t-il écrit.
I had a meeting with French President @EmmanuelMacron on the sidelines of the European Council meeting today in Brussels. I thanked Emmanuel for his clear and principled stance in support of Ukraine and the need for new, more substantial steps to protect our entire Europe—our… pic.twitter.com/lulIKiXAKI
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) March 6, 2025
La Norvège augmente de 4,2 milliards d’euros son aide à l’Ukraine pour 2025. Le pays nordique, qui ne fait pas partie de l’Union européenne, va plus que doubler son engagement financier envers l’Ukraine, tout en augmentant ses propres dépenses de défense, a déclaré ce jeudi le Premier ministre Jonas Gahr Stoere. Face aux pressions nationales et internationales, le gouvernement et l’opposition se sont mis d’accord pour augmenter le financement de l’Ukraine de cette année à 85 milliards de couronnes norvégiennes (soit 7,2 milliards d’euros), contre un plan convenu en novembre de 35 milliards de couronnes (3 milliards d’euros). La nation nordique est aujourd’hui confrontée à «la situation sécuritaire la plus grave pour notre pays depuis la Seconde Guerre mondiale», a déclaré Jonas Gahr Stoere dans une allocution prononcée devant le parlement. Mais la Norvège a les moyens de ses ambitions : le pays abrite le plus grand fonds souverain du monde, avec des actifs de 1 800 milliards de dollars, et a engrangé énormément de profit depuis le début de la guerre en Ukraine, en approvisionnant en gaz le reste de l’Europe.
Militaires professionnels, réservistes, civils : qui pourrait être mobilisé en France en cas de conflit ? Dans le contexte de tensions grandissantes avec la Russie et de désengagement américain en Ukraine, Libération s’est interrogé sur les capacités militaires françaises et sur la possibilité d’appeler à la mobilisation générale.
Décryptage
La Russie considère comme une «menace» la «rhétorique nucléaire» de Macron. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrorv, a dénoncé ce jeudi le discours du président français de la veille, disant voir une «menace» dans sa proposition d’une protection de l’Europe par le parapluie nucléaire français. Lors de cette adresse télévisée, Emmanuel Macron a notamment dénoncé l’«agressivité» de Moscou et annoncé son intention d’«ouvrir le débat stratégique» sur la protection de l’Europe par la dissuasion nucléaire française. «Bien sûr, c’est une menace contre la Russie. S’il nous voit comme une menace» et «dit qu’il est nécessaire d’utiliser l’arme nucléaire, de se préparer à utiliser l’arme nucléaire contre la Russie, bien sûr, c’est une menace», a réagi lors d’une conférence de presse le ministre russe. Il a qualifié d’«absurdes» et «délirantes» les accusations selon lesquelles la Russie aurait l’intention d’attaquer l’Europe.
Berlin promet d’aider à compenser le gel de l’aide américaine. L’Allemagne, engagée dans une augmentation massive de ses investissements de défense, est prête à compenser en partie la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine, a promis ce jeudi son ministre de la Défense, Boris Pistorius. «Un thème important de nos discussions aujourd’hui et dans les semaines à venir sera celui de la compensation de la suspension» des aides américaines, a dit le ministre lors d’une conférence de presse commune avec son homologue ukrainien Roustem Oumerov. «Nous nous efforçons bien entendu de compenser par de nouvelles aides la disparition» de ce soutien, «du moins une part prépondérante», a-t-il ajouté. L’Allemagne est le deuxième fournisseur en valeur absolue d’équipements militaires à Kiev derrière les Etats-Unis, notamment des systèmes anti-aérien, des munitions et des chars de combat. Le pays a par ailleurs accueilli plus d’un million de réfugiés ukrainiens depuis l’invasion russe il y a plus de trois ans. «Il n’y a aucun signe de Poutine» en direction de la paix, a jugé Boris Pistorius, ajoutant que Berlin restait «aux côtés de l’Ukraine, et ce, encore plus qu’auparavant».
Vladimir Poutine affirme que certains ont oublié quel a été le destin de Napoléon en Russie. Le dirigeant russe ne digère visiblement pas le discours d’Emmanuel Macron. Au point de ressasser le passé, en affirmant, selon Reuters, qu’«il y a encore des gens qui veulent revenir à l’époque de Napoléon, en oubliant comment cela s’est terminé», dans un commentaire à la télévision, sans mentionner le nom du président français. Un avertissement cependant à peine déguisé : pour rappel, la campagne militaire de Russie, survenue en 1812, s’est terminée en une défaite humiliante pour Napoléon 1er. L’empereur français avait fait marcher son armée à travers la Russie et jusqu’à Moscou, en proie à de violents incendies et entièrement vidée d’occupants et de provisions, ce qui l’avait contraint à une retraite hivernale désespérée, faisant des centaines de milliers de morts.
«Aucune décision» prise sur le statut des réfugiés ukrainiens aux Etats-Unis. La Maison Blanche temporise. La porte-parole de la présidence américaine, Karoline Leavitt, a déclaré ce jeudi qu’«aucune décision n’a été prise pour l’instant» quant à la révocation du statut légal temporaire d’environ 240 000 Ukrainiens réfugiés sur le sol américain. L’information provenait pourtant d’un haut responsable de l’administration Trump et de trois sources proches du dossier. Une telle mesure, qui pourrait être mise en place dès le mois d’avril, constituerait un revirement spectaculaire par rapport à l’accueil réservé aux Ukrainiens par Joe Biden.
140 Prix Nobel appellent à utiliser les actifs d’Etat russes sanctionnés pour reconstruire l’Ukraine. Littérature, économie, physique… des lauréats, toutes disciplines confondues, dont Elfriede Jelinek, Lech Walesa ou encore Patrick Modiano demandent aux gouvernements de débloquer les fonds de la Banque centrale de Russie pour indemniser les victimes et financer la réparation de l’Ukraine.
Tribune
La réunion à Paris des chefs d’état-major des pays européens aura lieu mardi 11 mars. Annoncée par le président français dans son allocution mercredi soir, la réunion des chefs d’états-majors des pays européens prêts à garantir une future paix en Ukraine aura lieu mardi 11 mars à Paris. Cette réunion doit porter sur un éventuel «déploiement de forces européennes» en Ukraine, qui «n’iraient pas se battre sur la ligne de front», mais «au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect», avait expliqué Emmanuel Macron. Elle se tiendra en présence du président français, selon les annonces de son entourage ce jeudi, sans plus de détail sur les autres participants. Le chef de l’Etat pourrait à cette occasion s’exprimer devant les hauts gradés étrangers, sans que l’on sache pour l’heure si tout ou partie de l’événement sera public ou à huis clos.
Ukraine, budget : François Bayrou sera l’invité d’Europe 1 et CNews vendredi matin. Attendu pour évoquer les orientations budgétaires dans le nouveau contexte international, le Premier ministre a choisi les chaînes du groupe Bolloré. Il sera l’invité vendredi matin de la radio Europe 1 et de la chaîne d’information en continu CNews pour un entretien d’environ 30 minutes, ont annoncé ce jeudi les médias sur les réseaux sociaux. François Bayrou souhaite donner la «priorité» dans le prochain budget à la défense mais «sans rien abandonner» du «modèle social», a-t-il affirmé.
«C’est comme dans un film de Coppola» : Ariane Mnouchkine s’exprime sur la situation en Ukraine. Militante historique de la cause ukrainienne, la metteure en scène de 86 ans a confié en marge d’une conférence de presse de l’association Pour l’Ukraine sa «sidération» face à l’attitude de «mafieux» du président Donald Trump, qui a décidé de mettre un terme au soutien américain à Kyiv.
BCE : la zone euro, confrontée à «des risques et de l’incertitude partout», dit Christine Lagarde. La BCE ne peut s’engager à l’avance sur la suite de son cap monétaire et des baisses de taux car la zone euro est confrontée «à des risques et de l’incertitude partout», a déclaré sa présidente Christine Lagarde jeudi. «Nous avons des risques partout et de l’incertitude et dans ces circonstances, notre détermination est évidemment d’atteindre notre destination mais nous le ferons sans nous engager à l’avance sur une voie particulière», a déclaré Christine Lagarde à la presse.
Les syndicats ne veulent pas sacrifier les droits sociaux à l’effort de guerre. Il y a «des fractures, des blessures qu’il faut réparer» dans le monde du travail, selon la CFDT, qui ne voit pas de raison que l’«effort de guerre» auquel Emmanuel Macron a commencé à préparer les esprits mercredi soir vienne perturber la concertation qui a démarré la semaine dernière autour d’une évolution de la réforme des retraites de 2023. Son négociateur en chef, Yvan Ricordeau, s’est ainsi exprimé devant la presse avant le début de la deuxième réunion, à Paris, expliquant que si «le président a appelé à faire des efforts», le premier syndicat de France «répond qu’il faudra de la justice», en obtenant un «bougé» sur l’âge légal de départ à 64 ans. Même point de vue à la CGT, dont le secrétaire confédéral, Denis Gravouil, a affirmé que «nous n’allons pas échanger les droits sociaux pour un effort de guerre», continuant à revendiquer le retour aux 62 ans. Ces derniers jours, certains responsables ont commencé à plaider pour que le relèvement du budget de la Défense soit financé par un nouvel effort sur la protection sociale, le président du Medef, Patrick Martin, citant en exemple le Danemark qui prévoit de passer à un âge de départ à 70 ans. Par Frantz Durupt
La Russie juge qu’un cessez-le-feu temporaire en Ukraine serait «inacceptable». La diplomatie russe a estimé ce jeudi qu’un cessez-le-feu provisoire en Ukraine, suggéré notamment par Paris et Kyiv, serait «absolument inacceptable» car le conflit finirait par reprendre. «Des accords fermes sur un règlement définitif sont nécessaires», a assuré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, jugeant toute forme de courte pause permettant une «réorganisation» des troupes comme «absolument inacceptable, car elle aboutira exactement au résultat inverse».