Construire une immense structure métallique de 300 mètres de haut en forme de taureau. Voilà le projet farfelu de l’Académie de la tauromachie, comme elle l’a annoncé le 17 juillet sur son site internet, et qui fait beaucoup parler en Espagne depuis. Le but serait de célébrer la corrida mais aussi de «doter [le] pays d’une icône culturelle et touristique exceptionnelle, à renommée internationale sans égale».
Car selon les dires de l’organisation fondée en 2023 et engagée dans la sauvegarde de la tauromachie, l’Espagne est dépourvue d’un monument emblématique, à la différence de Paris, et de sa très populaire Tour Eiffel (de 300 mètres de haut également). Grâce à ce taureau, le pays «pourrait être en tête du classement mondial du tourisme international» jubile l’Académie. Et ainsi, «la Tour Eiffel [cessera] d’être le monument le plus visité au monde» conclut-elle.
Un parc à thème qui cherche des financements
L’institution espagnole assure d’ailleurs à BFMTV qu’elle ne va pas se contenter du Taureau : le projet comprend également un parc à thème au pied de la bête – avec des restaurants, des boutiques, des zones de loisir… – ainsi que des visites dans les cornes du taureau, où se trouveront des plateformes d’observation panoramique. L’entrée sera payante et permettra de rembourser le coût de la construction. Par ailleurs, l’Académie assure que ce projet sera uniquement financé par des investissements privés – sans plus de précisions.
Pour que ce «rêve» se réalise, il faut trouver l’emplacement adéquat. La ville de Madrid a décliné la proposition d’accueillir l’immense animal en métal, mais une trentaine de municipalités, dont Burgos et Guadalajara ont témoigné leur intérêt quant à cette initiative, ainsi que le rapporte le quotidien sportif As.
Tribune
Le maire adjoint de la ville de Burgos au nord du pays, Fernando Martínez-Acitores, étiqueté Vox (le parti d’extrême droite) est particulièrement enthousiasmé par cette initiative. Il se dit prêt à accueillir ce monument, et veut même céder des terrains publics à l’Académie pour qu’elle puisse l’y édifier, selon El Pais. Auprès du Times, l’élu se réjouit d’une «opportunité de mettre Burgos sur la carte du monde». Sa proposition doit encore être soumise au vote lors de la prochaine assemblée municipale.
Un projet «provocateur»
«En 14 ans de mandat au conseil municipal de Burgos, je n’ai jamais vu d’idée aussi folle que» celle-ci, a déploré l’ancien maire de la ville et chef de file du parti socialiste PSOE, Daniel de la Rosa, sur les réseaux sociaux. «Cela démontre le manque de capacité de proposition de l’extrême droite, qui doit recourir à ce genre de choses pour attirer l’attention.» Auprès d’El Pais, Judith Sánchez la porte-parole de ProAnBur, l’association de défense des animaux située à Burgos, estime qu’il est «provocateur de vouloir nous imposer un symbole qui représente la torture et la maltraitance animale».
En Espagne, la corrida est de moins en moins populaire. Selon un sondage mené par le journal El Mundo en avril 2025, 78 % des Espagnols ne sont pas amateur de tauromachie. Et depuis plusieurs années, la gauche s’échine à bannir la tauromachie dans de nombreuses villes, au grand dam des partis conservateurs, attaché à ce qu’ils considèrent être un symbole national.