Voilà près d’un quart de siècle qu’Anwar Ibrahim caressait l’espoir de devenir Premier ministre. L’ambition est devenue réalité puisque l’homme de 75 ans vient d’être nommé chef du gouvernement par le roi de Malaisie. Une nomination annoncée ce jeudi par le Palais royal, et qui met fin à plusieurs jours d’incertitude puisque les législatives de samedi n’avaient donné la majorité absolue à aucun parti. La coalition multiethnique menée par Anwar Ibrahim a toutefois obtenu le meilleur résultat avec 82 sièges (dans un Parlement qui en compte 222).
Le roi de Malaisie, le sultan Abdullah Ahmad Shah – qui a le pouvoir discrétionnaire de nommer un Premier ministre dont il pense qu’il a le soutien de la majorité des députés – avait convoqué ce mercredi au Palais Anwar Ibrahim et l’ancien Premier ministre Muhyiddin Yassin. Ce dernier, dont la formation Perikatan Nasional (Alliance nationale) est soutenue par le Parti islamique pan-malaisien (PAS) et prône une application stricte de la charia, est arrivé deuxième aux élections avec 73 sièges. Selon Muhyiddin Yassin, le souverain avait demandé aux deux hommes de former un «gouvernement d’unité».
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Anwar Ibrahim avait aussi entamé, lundi, des tractations avec la formation jusqu’à présent au pouvoir, Barisan Nasional. Menée par l’Organisation nationale unifiée malaise (Umno), cette formation est arrivée loin derrière avec 30 sièges, son pire résultat électoral depuis l’indépendance du pays en 1957.
La Malaisie, majoritairement musulmane mais qui comprend également d’importantes minorités chinoise et indienne, est une monarchie constitutionnelle dotée d’un système unique de rotation du trône tous les cinq ans entre les souverains des neuf Etats malaisiens.
Turbulences et bal des Premiers ministres
Or, depuis quatre ans, le pays est secoué par des turbulences politiques et une valse des gouvernements, qui ont conduit trois Premiers ministres à se succéder en quatre ans. Après plus de soixante ans aux commandes, l’Umno a été lourdement sanctionnée dans les urnes et évincée du pouvoir en 2018, marquant la première alternance de l’histoire du pays. Le Premier ministre de l’époque Najib Razak, impliqué dans le détournement de plusieurs milliards de dollars du fonds souverain 1MDB, purge actuellement une peine de douze ans de prison.
L’Umno était revenue aux affaires avec une faible majorité en 2021. C’est dans l’espoir de renforcer son emprise sur le pouvoir que le Premier ministre Ismail Sabri Yaakob a dissous le Parlement et convoqué des élections anticipées, initialement prévues en septembre 2023. Mais l’Unmo pâtit toujours de son association avec la vaste affaire de corruption 1MDB, un fonds qui devait contribuer au développement du pays.