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Libération
Guerre commerciale

«En réponse à l’achat continu de pétrole russe», Trump ajoute 25 % de droits de douane supplémentaires sur les produits indiens

Le président américain a décidé, ce mercredi 6 août, de sanctionner les relations commerciales entre la Russie et l’Inde en ajoutant une nouvelle surtaxe au pays qu’il avait déjà récemment visé.
Donald Trump, à Washington, mardi 5 août. (Brendan Smialowski/AFP)
publié le 6 août 2025 à 17h33
(mis à jour le 6 août 2025 à 18h49)

Le président américain Donald Trump a signé ce mercredi 6 août un décret ajoutant 25 % de droits de douane sur les produits indiens, «en réponse à l’achat continu de pétrole russe», une source de revenus essentielle pour Moscou, a annoncé la Maison Blanche sur un de ses comptes X. Cette nouvelle surtaxe vient s’ajouter à celle de 25 % qui doit entrer en vigueur jeudi, en même temps que les droits de douane que Donald Trump présente comme «réciproques», et ne sera effective que dans 21 jours, selon le décret. Elle ne s’appliquera pas sur un certain nombre de produits, ce qui vient en réduire sensiblement la portée.

Freiner les recettes d’exportation de la Russie

Comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises en menaçant l’Inde d’une «pénalité», Donald Trump avait accentué mardi la pression sur le pays en assurant que de nouveaux droits de douane allaient être annoncés «dans les prochaines 24 heures» et à un niveau plus élevé qu’anticipé jusqu’ici. Le milliardaire aura donc mis sa menace à exécution dès le lendemain, quelques jours seulement après avoir signalé qu’il utiliserait sa politique commerciale comme levier contre la Russie pour la contraindre à stopper son offensive en Ukraine.

Au deuxième rang des plus gros acheteurs de pétrole russe, l’Inde économise des milliards de dollars sur ce brut acheté à prix réduit qui offre à Moscou une source de revenus essentielle dans son offensive militaire contre l’Ukraine. Lorsque la guerre entre la Russie et l’Ukraine a éclaté en 2022, le pays, l’un des plus grands importateurs de pétrole brut au monde, a saisi l’opportunité d’acheter du pétrole bon marché et les importations en provenance de Russie ont bondi. Les alliés occidentaux de l’Ukraine ont à plusieurs reprises cherché à freiner les recettes d’exportation de la Russie, mais le pays a réussi à réorienter ses ventes de produits énergétiques de l’Europe vers d’autres pays, notamment l’Inde et la Chine, assurant ainsi la continuité de ce flux de capitaux de plusieurs milliards de dollars. New Delhi a acheté environ 1,8 million de barils de pétrole brut russe par jour en 2024, ce qui représente environ 37 % des exportations totales de pétrole de Moscou.

«Rien d’autre que des menaces»

«L’Inde n’a pas été un bon partenaire commercial, car elle fait beaucoup d’affaires avec nous, mais nous n’en faisons pas avec elle. Donc nous nous sommes mis d’accord sur 25 % mais je pense que je vais augmenter ce chiffre de manière significative dans les prochaines 24 heures, car ils achètent du pétrole russe», avait prévenu, mardi, le président américain dans un entretien avec la chaîne CNBC. Avant, donc, de doubler la mise.

Dans la foulée de l’annonce, le ministère indien des Affaires étrangères a qualifié «d’extrêmement regrettable» la décision américaine, la jugeant «injuste, injustifiée et déraisonnable». «Nos importations sont basées sur des critères de marché et ont pour objectif global d’assurer la sécurité énergétique du 1,4 milliard d’habitants de l’Inde, justifie New Delhi dans un communiqué. Il est donc extrêmement regrettable que les Etats-Unis choisissent d’imposer des droits de douane supplémentaires à l’Inde pour des actions que plusieurs autres pays prennent également dans leur propre intérêt national.»

«Nous entendons beaucoup de déclarations qui ne sont pratiquement rien d’autre que des menaces et des tentatives de forcer des pays à cesser leurs relations commerciales avec la Russie», avait déclaré dans la foulée le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’un point presse, jugeant ces déclarations «illégitimes». «Nous pensons que les pays souverains ont le droit de choisir leurs propres partenaires commerciaux», avait-il ajouté, avant que Donald Trump ne décide malgré tout de forcer la main au gouvernement indien.

Mise à jour à 18h50 avec la réponse de ministère indien des Affaires étrangères.