La kleptocratie. Ce mot, le pouvoir des voleurs, comme souvent en politique, désigne plusieurs réalités et évolue au fil du temps. Il apparaît avec les auteurs libertariens américains, tout simplement pour qualifier l’impôt. Il peut désigner aussi les liens entre des dirigeants politiques et les grands groupes capitalistes ou les sociétés dans lesquelles les lobbys industriels sont tout-puissants. Depuis l’effondrement de l’empire soviétique et de la grande vague de privatisations qui a suivi, l’acception du mot kleptocratie désigne plutôt le pouvoir des oligarques, principalement russes, souvent issues de l’appareil d’Etat ou du Parti communiste, qui se sont réparti les biens publics et les marchés d’une économie capitaliste naissante.
Prébendes, corruption, constitution d’empires industriels et commerciaux souvent liés à des clans politiques ou l’inverse, voilà bien ce qui caractérise l’essence de l’organisation publique russe depuis les années 90. En d’autres termes, la Russie est un Etat avant tout mafieux. L’empire économique de Evgueni Prigojine, cet ancien truand de droit commun, s’est construit sur l’attribution de marchés publics