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Justice

Enlèvement en France d’un opposant algérien : quatre nouvelles inculpations

Après une première salve d’arrestations en avril, le Parquet national antiterroriste a annoncé de nouvelles mises en examen vendredi, dans un dossier qui avait accentué les crispations entre Paris et Alger.
Amir Boukhors, dit Amir DZ, lors d'une manifestation contre Abdelaziz Bouteflika, à Paris, en 2019. (Augustin Le Gall/HAYTHAM. REA)
publié le 16 mai 2025 à 21h53

Quatre hommes ont été mis en examen vendredi à Paris puis placés en détention provisoire, soupçonnés d’être liées à l’enlèvement, l’an dernier, d’Amir Boukhors, opposant au régime du président algérien Abdelmadjid Tebboune, a indiqué le Parquet national antiterroriste (Pnat).

L’influenceur Amir Boukhors, dit «Amir DZ», avait été enlevé le 29 avril 2024 en région parisienne puis relâché le 1er mai. Trois hommes, dont un agent consulaire algérien, ont déjà été mis en examen mi-avril pour arrestation, enlèvement, séquestration, en relation avec une entreprise terroriste.

Conformément aux réquisitions du Pnat, les quatre hommes présentés vendredi à un juge antiterroriste ont été mis en examen pour participation à une association de malfaiteurs terroriste et arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivi de libération avant le 7e jour en relation avec une entreprise terroriste.

Selon des sources proches du dossier, ils sont âgés de 32 à 57 ans et il leur est reproché d’avoir participé directement à l’enlèvement, la séquestration et la détention de la victime. Ils auraient été interpellés en région parisienne et placés en garde à vue mardi. Selon ces sources, ils sont présentés par l’accusation comme des exécutants, qui auraient agi contre rémunération et sans aucun mobile politique. Sollicités par l’AFP, deux avocats de la défense, Camille Lucotte et Julien Fresnault, n’ont pas souhaité s’exprimer.

Dans cette affaire, selon une source proche du dossier, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), le renseignement intérieur français, incrimine dans un rapport d’enquête d’avril un ancien haut responsable de l’ambassade algérienne à Paris, non poursuivi à ce stade : «S.S.», présenté comme un «sous-officier algérien de la DGDSE», service de renseignement de ce pays, âgé de 36 ans. Il aurait été présent à Paris «sous la couverture diplomatique de premier secrétaire» de l’ambassade d’Algérie, mais n’a pas été arrêté.

Installé en France depuis 2016, Amir Boukhors, 41 ans et un million d’abonnés sur TikTok, est un «irritant majeur dans la relation bilatérale avec l’Algérie» selon le rapport. Il fait l’objet de neuf mandats d’arrêt internationaux d’Alger qui veut le juger, notamment pour escroquerie ou infractions terroristes. En 2022, la justice française a refusé son extradition et le pays lui a donné l’asile politique en 2023.