Aux bruits de bottes qui feront trembler la place Rouge à Moscou vendredi 9 mai, quand la Russie célébrera en grande pompe le 80e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, Kyiv répondait, ce jeudi 8 mai, par une sobre «Journée du souvenir et de la victoire sur le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale 1939-1945». En début de matinée, le président Volodymyr Zelensky et son épouse, tout de noir vêtus, accompagnés seulement des ambassadeurs et de quelques membres du gouvernement, se sont présentés devant le monument du soldat inconnu et la flamme éternelle, pour une cérémonie brève et confidentielle. Depuis le début de l’offensive russe, en 2022, le pays ne célèbre plus en pompe officielle aucune fête nationale. Ce n’est qu’une fois le cortège présidentiel reparti en trombe et l’imposant dispositif de sécurité levé que les Kyiviens ont pu venir à leur tour déposer des œillets et des roses par-dessus les bouquets officiels.
A l’heure européenne
Tamara vient commémorer tous les ans la mémoire de son père, Andreï Doritchenko, lieutenant de l’Armée rouge, originaire de la région de Kyiv et qui a combattu à Stalingrad. La vieille dame aurait préféré continuer de célébrer la victoire le 9 Mai, «comme avant, quand nous étions tous unis». Mais dès 2015, alors que la Russie avait ouvert les hostilités et envahi une partie de son territoire, l’Ukraine avait commencé à prendre ses distances et introduit le 8 Mai, pour se mettre à l’heure européenne.