Simon a finalement choisi d’utiliser un pseudonyme. Il s’est rétracté pour la photo au dernier moment par crainte de représailles. Il ne témoignera pas à visage découvert. «Je ne peux pas prendre le risque pour ma femme et mes enfants», s’explique-t-il. Depuis qu’un de ses amis du club de foot juif de Berlin, le «TuS Makkabi», a donné son avis dans la presse, les joueurs de son équipe sont menacés de mort. «Certains sont accompagnés de gardes du corps, s’alarme Simon. C’est effrayant !» Le Makkabi Berlin, fondé en 1970 par des survivants de la Shoah, a fait sensation cet été pour avoir été la première équipe de football juive à participer à la Coupe d’Allemagne. «Aujourd’hui, les matchs se déroulent sous la surveillance accrue de la police et les insultes antisémites. On évite au maximum de publier les lieux et l’heure des rencontres. La moindre prise de parole est devenue un risque pour la sécurité», déplore ce manager, père de famille nombreuse.
Alors qu’on commémore ce jeudi le 85e anniversaire de la «Nuit de cristal», dans la ville de la «solution finale», les juifs de Berlin ne se sentent plus en sécurité. «La peur n’est plus seulement diffuse, elle est réelle», assure Simon. Quatre-vingt-cinq ans après ce pogrom – à Berlin, 1 000 commerces pillés, 30 synagogues détruites et 12 000 déportés –, les étoiles de David sont à nouveau taguées sur les portes de maisons habitées par des Juifs.