Adossé au comptoir d’une épicerie casher dans le quartier de Buitenveldert, dans le sud d’Amsterdam, Dovi cherche les mots justes. Trois jours plus tôt, dans la nuit du 7 au 8 novembre, des violences ont émaillé la capitale des Pays-Bas en marge du match de football entre l’Ajax locale et le Maccabi Tel-Aviv. Des hommes à scooter ont poursuivi les supporteurs israéliens, les ont frappés après leur avoir, dans certains cas, demandé leur passeport pour identifier leur nationalité. Les ultras du Maccabi eux-mêmes se sont rendus coupables de violences physiques et verbales. Dovi, lui, parle de «pogrom», comme les autorités israéliennes.
«Je suis toujours très positif, je parle avec tout le monde, je travaille avec tout le monde, assure Dovi. Mais là, quelque chose est en train de changer.» Il est rabbin et guide culturel dans la vieille ville. «Avant, quand des touristes me posaient la question, je leur disais qu’Amsterdam était un endroit sûr pour les Juifs. Maintenant, je ne sais plus trop. Jamais je n’aurais imaginé que quelque chose comme ça puisse arriver», souffle-t-il. «Ça fait un an que ça monte ! On savait tous que ça allait finir par arriver», objecte un client de l’épicerie, assis devant son café. Dovi opine doucement.
Reportage