Un bras tendu reproduisant fidèlement le salut nazi : c’est ainsi que l’avocat Kostas Plevris a quitté le tribunal d’Athènes. Saluts nazis encore, mais cette fois de sympathisants du parti néonazi – dissous, mais qui maintient une activité souterraine – lorsque l’ancien porte-parole du parti, Ilias Kasidiaris, sort du bâtiment. Ces scènes ont eu lieu ce mercredi à Athènes, devant la cour pénale où se tient depuis trois mois l’audience en appel d’une cinquantaine de membres de ce parti néonazi. Ils avaient été condamnés à des peines de prison après un procès historique qui s’était tenu d’avril 2015 à octobre 2020. Les chefs d’inculpation retenus contre eux étaient nombreux et lourds : constitution d’organisation criminelle, meurtres ou encore détention illégale d’armes. Kostas Plevris est l’avocat qui défend l’ex-dirigeant d’Aube dorée, Nikólaos Michaloliákos.
«Le signe d’une banalisation des idées d’extrême droite»
«Kostas Plevris n’en est pas à son coup d’essai», rappelle la journaliste Angélique Kourounis qui a réalisé deux documentaires sur Aube dorée (1). Lors de l’ouverture du procès en appel, il avait déclaré : «Je suis fasciste. Est-ce un délit ?» Son passé témoigne de son engagement sans faille pour cette idéologie : «C’est un révisionniste notoire, un admirateur des nazis et de la dictature des colonels qui a sévi en Grèce entre 1967 et 1974», rappelle Angélique Kourounis. A plusieurs reprises, Kostas Plevris a tenu des propos antisémites. Il a même écrit un pamphlet antisémite qui lui a valu un passage au tribunal. Son fils, Thanos Plevris, qui est l’actuel ministre de la Santé dans le gouvernement dirigé par le conservateur Kyriakos Mitsotakis, était alors son avocat. Quant à la juge qui avait demandé son acquittement, elle est devenue vice-présidente de la Cour de cassation début septembre.
Selon une source interne, le barreau d’Athènes devrait ouvrir une enquête disciplinaire contre Kostas Plevris prochainement. Mais du côté gouvernemental, aucune réaction pour l’instant. La police, qui était présente, a laissé faire. Angélique Kourounis souligne : «C’est le signe d’une banalisation des idées d’extrême droite dans la société grecque. D’ailleurs, Kyriakos Mitsotakis est le premier Premier ministre depuis la chute des colonels en 1974 à avoir osé mettre trois ministres d’extrême droite, et en plus à des postes clés».