Un aéroport rénové et étendu pour la somme de 1,7 milliard d’euros : l’opération séduction était censée accompagner la mesure de grâce accordée le 21 juin à neuf dirigeants indépendantistes catalans emprisonnés depuis 2017. Le 9 août, Pedro Sánchez, le chef socialiste du gouvernement espagnol, annonçait un accord avec la Généralité (le gouvernement régional catalan) pour doter l’aéroport de Barcelone-El Prat d’un nouveau terminal et prolonger de 500 mètres une des trois pistes, avec à la clé la création de 80 000 emplois directs. Une «très bonne nouvelle pour la Catalogne et pour l’ensemble du pays», s’était félicité Pedro Sánchez. Un mois plus tard, patatras : le projet est ajourné et ne sera remis sur le tapis qu’à l’issue d’un «moratoire de cinq ans». Traduction du langage technocratique : le chantier est abandonné.
Dès l’annonce de l’accord, la levée de boucliers avait été immédiate chez les écologistes. L’extension empiétait de 47 hectares sur le delta d’une zone humide riche en biodiversité, le delta du fleuve Llobregat, dont la faune et la flore sont protégées par le label européen Natura 2000. Greenpeace Espagne dénonçait une «attaque contre l’environnement», tandis que le président indépendantiste de la région,