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Libération
Reportage

A bord du porte-avions «Charles-de-Gaulle», «un concentré de risques quotidiens et industriels sur 260 mètres»

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Dans un contexte où les combats navals fleurissent un peu partout, «Libération» a embarqué à bord du groupe aéronaval français, en mission avec ses alliés en Méditerranée, où la marine russe est positionnée depuis une base navale en Syrie.
Le bâtiment ravitailleur de force «Jacques-Chevallier» au côté du porte-avions «Charles-de-Gaulle», le 29 avril, en mer Méditerranée. (Clarisse Dupont /Marine Nationale / Défense)
publié le 18 mai 2024 à 9h48

Sur les racks du hangar de préparation de l’armement aéronautique, des bombes de 250, 500 et 1 000 kg à guidage laser, des missiles air-sol, air-air et antinavire, un canon de 30 mm. Dans le secret des soutes, plusieurs centaines de tonnes de munitions et probablement des missiles munis d’une tête nucléaire vingt fois plus puissante que celle qui a frappé Hiroshima – leur présence ou non à bord du porte-avions est un des secrets les mieux gardés de la nation et un des piliers de la dissuasion française. Dix tonnes d’armes peuvent être emportées sous le ventre et les ailes de chacun des 18 Rafale actuellement embarqués sur le Charles-de-Gaulle. Une puissance de feu phénoménale renforcée par celle du sous-marin nucléaire d’attaque et des cinq frégates françaises, portugaise, grecque et italienne qui forment le groupe aéronaval français en Méditerranée depuis le 22 avril pour la mission «Akila». Et alors que les combats navals sont de retour sur la planète, Paris tient à le faire savoir.

Vu d’hélicoptère, le Charles-de-Gaulle semble étonnamment petit, large comme un terrain de foot, long comme deux et demi. Vu du dedans aussi. Les pilotes doivent poser leurs avions à 250 km/h sur une surface équivalente à un terrain de tennis qui avance et se soulève au gré des vagues, accrocher avec une crosse un des trois câbles tendus au sol – les «brins d’arrêt» hydrauliques –, encaisser une décélération très violente et dégager la piste avant de se faire frôler par le suivant.