Le ciel scandinave sous surveillance. Au lendemain du survol pendant de longues heures de l’aéroport de Copenhague – mais aussi d’Oslo, en Norvège – par des drones liés à un acteur inconnu, le gouvernement norvégien a accusé la Russie d’avoir violé trois fois son espace aérien cette année. «Nous ne pouvons pas dire si cette action est délibérée ou si elle est le résultat d’une erreur de navigation», a souligné Oslo. Au même moment, l’Otan semblait être plus certain des intentions russes, puisque l’alliance militaire appelait Moscou à cesser «l’escalade».
«On vient nous stresser»
Plus tôt dans la matinée, le directeur des opérations des services de renseignement danois, Flemming Drejer, avait affirmé lors d’une conférence de presse mardi 23 septembre que son bureau faisait face à «une menace de sabotage importante». Et de poursuivre : «On ne vient peut-être pas nous attaquer, mais nous stresser et voir comment nous réagissons.»
Les aéroports de Copenhague et d’Oslo ont rouvert ce mardi après avoir été fermés lundi soir en raison de la présence de drones non identifiés. A Copenhague, «les drones ont disparu et l’aéroport est à nouveau ouvert», a déclaré un responsable policier, Jakob Hansen. «Le nombre, la taille, les trajectoires de vol, le temps passé au-dessus de l’aéroport. Tout cela ensemble… indique qu’il s’agit d’un acteur compétent. Quel acteur compétent, je ne sais pas», a déclaré lors d’une conférence de presse l’un des responsables de la police de Copenhague, Jens Jespersen. Par acteur compétent, la police entend un «acteur qui possède les outils pour se faire remarquer», a-t-il dit.
Les autorités danoises et norvégiennes travaillent ensemble sur ces incidents, a également souligné Jakob Hansen, précisant que l’armée et les services de renseignement étaient mobilisés. «A ce stade, nous ne savons pas» si les engins peuvent être d’origine russe, avait-t-il précisé, interrogé sur le sujet. Pour sa part la Première ministre Mette Frederiksen a affirmé ce mardi «ne pas exclure» qu’il s’agisse de la Russie.
En réponse, la Russie, par la voix du porte-parole du Kremlin, a déploré des «accusations sans fondement», et assure ne pas être impliquée dans ce survol de l’aéroport de Copenhague.
Les aéroports fermés, des dizaines de milliers de passagers affectés
La police de Copenhague a fait état lundi de «trois ou quatre gros drones» observés au-dessus de l’aéroport mais la police n’a pas déterminé le modèle. Elle a choisi de ne pas les abattre. Selon Jens Jespersen, cette démonstration pourrait être un entraînement pour les opérateurs de drone. En outre, ces engins provenaient de directions différentes, a ajouté Jens Jespersen, précisant qu’ils pouvaient avoir décollé d’un bateau. La fermeture temporaire de l’aéroport a entraîné des perturbations pour quelque 20 000 passagers d’après la direction.
Des drones ont également été observés au niveau de l’aéroport de la capitale norvégienne, Oslo, qui a dû fermer pendant plusieurs heures. «Nous avons fait deux observations distinctes de drones», a indiqué Monica Fasting, porte-parole de l’aéroport d’Oslo. Plusieurs vols ont été déroutés et des perturbations sont encore attendues mardi le temps que le trafic revienne à la normale, ont indiqué les deux aéroports.
Interview
La Russie, rapidement pointée du doigt, est par ailleurs accusée d’être à l’origine d’une irruption de drones dans l’espace aérien polonais le 10 septembre, un incident qui a provoqué une mobilisation d’avions de chasse de l’Otan. Vendredi, trois avions de combat russes ont également violé pendant douze minutes l’espace aérien estonien, déclenchant des protestations de l’Otan et de l’Union européenne contre une nouvelle «provocation». Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU lundi 22 septembre, l’ambassadeur américain Mike Waltz a assuré que les Etats-Unis défendraient «chaque centimètre du territoire de l’Otan».
Le Danemark et la Norvège participent cette semaine aux exercices militaires Neptune Strike 25-3 des forces de l’Otan, qui se déroulent notamment en Baltique et en mer du Nord et mobilisent le porte-avions américain Gerald Ford.
Mise à jour à 12 h 24 avec la réponse de la Russie puis à 12h48 avec la réaction du gouvernement norvégien et de l’Otan.