La question n’est plus «de savoir si la guerre va se terminer» mais «de comment elle va se terminer». Avec cette phrase, le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz, a confirmé que le dialogue avait bien repris avec Kyiv, à l’issue d’une longue journée de négociations entre les délégations américaine et ukrainienne réunies à Djedda, ville d’Arabie Saoudite au bord de la mer Rouge.
Montrer patte blanche et afficher, coûte que coûte, sa disposition au compromis. Les représentants ukrainiens ont fait étalage de leur bonne volonté, toute la journée de ce mardi 11 mars. «Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix», avait déclaré le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriy Yermak, avant le début de discussions «constructives» avec les Américains, représentés notamment par Mike Waltz, l’émissaire de Washington pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le chef de la diplomatie, Marco Rubio.
Levée «immédiate» des restrictions américaines
Et effectivement, après près de neuf heures de discussions, les deux parties ont confirmé, dans un communiqué commun, que l’Ukraine soutenait une proposition américaine de cessez-le-feu immédiat de trente jours avec la Russie, les Etats-Unis acceptant de leur côté de lever «immédiatement» les restrictions sur l’aide militaire et l’échange de renseignements avec Kyiv. Un accord sur les minerais ukrainiens devrait également être conclu «dès que possible». «La balle est désormais dans le camp de la Russie», a déclaré Marco Rubio qui devrait présenter à Moscou ces propositions. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé sur les réseaux sociaux que «les Etats-Unis doivent convaincre la Russie» d’accepter désormais le cessez-le-feu.
Les pourparlers, organisés dans la ville portuaire de Djedda, en Arabie Saoudite, faisaient office de première rencontre entre les négociateurs de Kyiv et de Washington depuis la séquence du 28 février dans le Bureau ovale, où Donald Trump avait humilié le président Volodymyr Zelensky en direct. L’administration américaine avait ensuite suspendu brutalement l’aide militaire massive fournie à l’Ukraine, y compris la coopération en matière de renseignement. Elle tentait ainsi d’acculer le gouvernement ukrainien, dont les troupes ont subi ce week-end une percée russe dans la région orientale de Soumy et de le pousser à accepter un accord aux conditions défavorables pour son pays. Mardi soir, le président Trump a indiqué qu’il inviterait son homologue ukrainien à revenir à la Maison Blanche.
«La réciprocité russe est la clé»
La rencontre de Djedda s’est tenue quelques heures après la plus importante attaque de drones menée par Kyiv contre les régions de Koursk et de Moscou depuis le début de la guerre. L’attaque, qui a impliqué près de 350 engins volants, a fait trois morts, selon les autorités de la capitale russe, le Kremlin accusant l’Ukraine de frapper «des infrastructures sociales, des immeubles d’habitation».
Ces propositions de négociations de paix et de cessez-le-feu pourraient toutefois se heurter aux exigences de la Russie, dont Trump s’est rapproché dans une volte-face spectaculaire. Le 7 mars dernier à la Maison Blanche, Donald Trump affirmait encore que «sincèrement, je trouve que c’est plus difficile de négocier avec l’Ukraine» qu’avec la Russie. Le communiqué suivant les discussions de mardi précise que «les Etats-Unis communiqueront à la Russie que la réciprocité russe est la clé pour établir la paix», trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.