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Reportage

A Görlitz en Allemagne, la peur d’être en «première ligne» en cas de guerre

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Dans la ville allemande frontalière de la Pologne, la reconversion d’une usine de construction ferroviaire en fabrique de chars symbolise le «changement d’époque» depuis le début de la guerre en Ukraine.
Dans l'usine de construction ferroviaire de Görlitz reconvertie en fabrique d'armes. (Sebastian Kahnert/Dpa. picture alliance)
par Christophe Bourdoiseau, Envoyé spécial à Görlitz (Allemagne)
publié le 9 mai 2025 à 7h00

Görlitz, c’est un peu le «monde d’hier» décrit par Stefan Zweig dans ses mémoires, le monde d’avant les nazis. Les ruelles pavées, les églises baroques et les immeubles de la Renaissance attirent chaque année environ 150 000 touristes. En 1945, ce lieu idyllique devait subir le même sort que Dresde, mais il n’a pas été rasé, épargné in extremis par la capitulation du 8 mai 1945.

Quatre-vingts ans après la défaite de l’Allemagne nazie, cependant, la peur de la guerre est revenue à Görlitz. «On voit des poids lourds transportant des véhicules blindés sur l’autoroute A4 en direction de l’Ukraine et des trains chargés de matériels militaires à la gare», raconte le curé de la paroisse catholique, Roland Elsner. «Les fidèles me demandent de quoi l’avenir sera fait», ajoute-t-il.

Görlitz est le symbole de la «Zeitenwende» («changement d’époque») décrété en février 2022 par l’ancien chancelier Olaf Scholz après l’attaque russe contre l’Ukraine. Nulle part ailleurs en Allemagne, le malaise n’est aussi grand. «On ne croyait pas ici que les Russes puissent un jour nous menacer. Certains continuent à le penser», résume le curé.

L’annonce de la reconversion de l’usine de construction ferroviaire en fabrique d’armes a marqué un tournant pour une ville qui fabriquait des trains depuis cent-soixante-quinze ans. Le français Alstom a revendu le site