Ibrahim Oztürk montre du doigt l’endroit d’où s’élèvera le minaret de la nouvelle mosquée de Krefeld, à 38 mètres de hauteur. «Il sera aussi grand que la grue», se félicite le président de la communauté islamique de la ville, une cité de 230 000 habitants en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. La mosquée actuelle est toujours installée dans l’arrière-cour d’une ancienne fabrique, comme dans les années 60, avec cette atmosphère de clandestinité qui repousse les curieux. «Je suis arrivé à 14 ans à Krefeld. Lorsque mon père m’a emmené pour la première fois à la mosquée, je suis descendu avec lui… dans une cave. C’était un choc. J’arrivais d’Istanbul où j’avais vu les plus belles mosquées du monde», raconte-t-il.
Pour la population issue de l’immigration, l’Allemagne de Merkel constitue un tournant. «Le pays a beaucoup évolué depuis le changement de ton des conservateurs [qui réclamaient encore le retour des immigrés il y a vingt ans, ndlr]», explique Augusta Moreira-Genz, directrice du département Intégration et migration à l’association caritative catholique Caritas de Krefeld. Plus qu’une simple politique d’immigration, l’Allemagne mène une vraie politique d’intégration. Et l’Etat y met les moyens : 80 milliards d’euros dépensés pour l’intégration des nouveaux venus, dont les réfugiés, entre 2015 et 2020.
La nouvelle mosquée de Krefeld, en cours de construction, est l’expression de cette politique. Elle sera visible et accessible au public à partir de 2024,