Cela pourrait être un cratère comme tant d’autres, qui trouent le sol ukrainien, avec leurs labours d’asphalte, de métal et de gravats. Mais cette fois, ce n’est pas pareil. Le premier missile qui s’est abattu lundi matin sur le centre de Kyiv a visé au cœur des Ukrainiens, en s’écrasant à l’angle de la rue Volodymyrska et du boulevard Taras Chevtchenko. Dans l’après-midi, malgré une nouvelle alerte antiaérienne dans le ciel, des passants descendent de leur trottinette électrique et regardent éberlué l’endroit de l’impact, qui a soufflé plusieurs façades alentour, arraché les fils électriques et détruit la coupole de verre de la Maison des enseignants.
Par un hasard balistique ou bien par une volonté délibérée, le missile s’est abattu au pied de la statue de Mykhaïlo Hrouchevsky, le premier chef d’Etat d’une Ukraine indépendante en 1917. La Maison des enseignants quant à elle, n’est autre que l’ancienne Rada centrale, le premier Parlement qui a proclamé l’indépendance de l’Ukraine, il y a plus d’un siècle, en pleine révolution bolchevique. L’explosion a aussi fait voler en éclats les fenêtres de l’université nationale-Taras Chevtchenko, située à ce carrefour. Là où le mouvement national ukrainien a germé au XIXe siècle, devant un parc adoré des Kiéviens qui abrite l’immense statue de Taras Chevtenchko, le poète national, le Victor Hugo ukrainien.
«Nos symboles»
«Ce matin, pendant plusieurs minutes, je n’ai pas fait sens de ce qui se déroulait, mais désormais j’en suis absolument certain,