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A l’Elysée, Macron et Zelensky scellent un accord bilatéral de sécurité inédit entre la France et l’Ukraine

Présent à Paris ce vendredi 16 février, Voloydymyr Zelensky a conclu avec Emmanuel Macron cet accord attendu, qui prévoit notamment une aide militaire supplémentaire allant «jusqu’à trois milliards d’euros» de la part de la France pour 2024.
Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron sont assis avant leur entretien, au palais de l'Élysée à Paris, le 16 février 2024. (Thibault Camus/AFP)
publié le 16 février 2024 à 23h02

«C’est une nouvelle phase qui s’ouvre.» A l’Elysée, Volodymyr Zelensky plébiscitait l’optimisme, peu après avoir signé ce vendredi 16 février les accords de sécurité bilatéraux, lesquels inscrivent dans la durée l’aide de la France à l’Ukraine. Emmanuel Macron, entre plusieurs poignées de mains et autres accolades de circonstances, s’est notamment engagé à fournir cette année «jusqu’à trois milliards d’euros» d’aide militaire «supplémentaire» à Kyiv, a dénoncé avec vigueur un «changement de posture» de la Russie qui «exige un sursaut collectif».

Le «régime du Kremlin» a «franchi plusieurs seuils» en termes de campagnes de désinformation et de cyberattaques, a ajouté le président français, évoquant une «volonté d’agression» à l’encontre des «démocraties européennes». Moscou doit aussi «sans tarder donner des explications» sur les craintes d’un déploiement «d’armes nucléaires dans l’espace», a martelé Emmanuel Macron.

Ce «durcissement» est rappelé «de la plus tragique des manières» par l’annonce de la mort en prison d’Alexeï Navalny, opposant numéro un à Vladimir Poutine, venue assombrir la tournée européenne du dirigeant ukrainien. Ce décès, qui exacerbe encore les tensions avec l’Occident, «dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant», a estimé le président français. Plus tôt à Berlin, Volodymyr Zelensky avait affirmé que Vladimir Poutine devait «rendre des comptes pour ses crimes».

Face à ce tableau sombre, les accords de sécurité signés par la France et l’Allemagne, après celui du Royaume-Uni en janvier, doivent graver dans le marbre le soutien civil et militaire dans la durée à Kiev en attendant une éventuelle future adhésion à l’Otan. Autant de soutiens très attendus alors que l’armée ukrainienne est à la peine face aux Russes et l’aide américaine gelée.

«Sans précédent»

Le président ukrainien a d’ailleurs estimé que cela donnerait «une impulsion aux Etats-Unis», où une aide de 60 milliards de dollars est bloquée par les républicains à la Chambre des représentants. Dans son texte conclu pour «une durée de dix ans» et «tant que l’Ukraine n’aura pas rejoint l’Otan» comme l’espère la France, cette dernière prévoit «une assistance globale» et notamment un renforcement de la coopération dans le domaine de l’artillerie.

Olaf Scholz et Volodymyr Zelensky ont aussi signé un accord de sécurité qualifié d’«historique» par le chancelier allemand qui a assuré sa détermination à soutenir l’Ukraine «aussi longtemps que nécessaire» contre l’agresseur russe. «Deux ans après le début de cette guerre épouvantable, nous envoyons aujourd’hui un message très clair au président russe : nous ne relâcherons pas notre soutien à l’Ukraine», a averti le dirigeant allemand.

Illustration de cet engagement : le document signé contient une aide militaire supplémentaire et immédiate d’un montant de 1,1 milliard d’euros, qui est une tranche des sept milliards de soutien déjà annoncés par l’Allemagne pour 2024. France et Allemagne prévoient également de soutenir l’Ukraine après la guerre pour qu’elle se dote d’une armée moderne capable de repousser d’éventuelles futures attaques de la Russie. «Notre accord de sécurité est un document bilatéral vraiment sans précédent», a souligné le président ukrainien à Berlin.

Cette échappée diplomatique est cruciale pour Volodymyr Zelensky au moment où la situation s’est considérablement dégradée sur le front ukrainien. Dans l’est du pays, Avdiïvka est l’épicentre de «combats acharnés» et menace désormais de tomber après des mois d’assauts russes. L’armée ukrainienne a annoncé vendredi s’être retirée d’une position qu’elle tenait au sud de cette ville face à la multiplication des assauts russes.