Menu
Libération
Reportage

A l’hôpital pédiatrique de Kyiv, les soignants bombardés toujours sur le pont

Article réservé aux abonnés
Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le chirurgien Oleh Holubchenko opérait un nourrisson à l’hôpital pédatrique le jour où il a été frappé par un missile russe. Lui-même blessé, il a déblayé les décombres, et, avec ses équipes, il soigne à nouveau des enfants.
Le chirurgien pédiatrique Oleh Holubchenko (troisième à gauche) et d'autres soignants de l'hôpital pédiatrique de Kyiv, le 8 juillet 2024, après la frappe russe sur l'établissement. (Jedrzej Nowicki/Libération)
par Kristina Berdynskykh, Correspondance à Kyiv
publié le 19 juillet 2024 à 7h32

Au moment où les bris de verre et le plafond sont tombés sur Oleh Holubchenko, le chirurgien pédiatrique était en train d’opérer Taras, un bébé de cinq mois. Dos à la fenêtre et penché sur le visage de l’enfant, Holubchenko a d’abord entendu un sifflement, puis senti un coup violent. Une large tache de sang s’est rapidement formée sur son uniforme médical blanc comme neige. C’était son sang, pas celui de son petit patient. Taras a été protégé par le personnel médical, placé en demi-cercle autour de lui pendant l’opération, et qui a encaissé le choc de plein fouet.

Le 8 juillet au matin, des missiles russes sont tombés sur Kyiv, et notamment sur l’hôpital pédiatrique Okhmatdyt, le plus grand et le plus moderne d’Ukraine, où ce bébé était opéré des fentes palatines (bec-de-lièvre). Ce jour-là, les Russes ont bombardé plusieurs quartiers de la capitale, faisant 33 morts et 121 blessés. Rencontré quelques jours plus tard, Holubchenko, 32 ans, chirurgien maxillo-facial pédiatrique spécialisé dans l’ablation des anomalies congénitales, explique que l’opération avait commencé avant que ne retentisse l’alerte antiaérienne. Normalement, les médecins n’opèrent pas s’il y a une menace de bombardement. Mais ce jour-là, ils travaillaient déjà depuis une heure. L’enfant était sous anesthésie générale et l’incision déjà e