Deux hommes vêtus de noir traversent la gare routière de Golders Green, cherchant du regard le numéro de leur correspondance. «Le 310 ? Non, connaît pas. On n’est pas d’ici. Mais le réseau de bus est super à Londres, il n’y a rien à y redire !» Ils repartent sans se presser. Ce quartier cossu du nord-ouest de la capitale britannique compte l’une des plus importantes populations juives d’Europe. Depuis le 1er septembre, il est relié à Stamford Hill où vit une large communauté de juifs hassidiques, par une nouvelle ligne directe : le 310.
Le projet est dans les cartons depuis une quinzaine d’années, défendu par ceux qui souhaitent une route directe pour aller voir leur famille, visiter une autre synagogue ou participer à la vie d’un autre quartier. Mais c’est seulement au printemps dernier qu’il est apparu sur le programme de campagne de Sadiq Khan, réélu maire de Londres pour un troisième mandat en mai. En l’annonçant, Khan a insisté sur sa volonté de s’assurer que les Londoniens juifs soient «en sécurité lorsqu’ils voyagent» d’une communauté à l’autre, pointant vers «la terrible montée de l’antisémitisme» au cours des derniers mois. De quoi susciter un fort intérêt médiatique.
Le bus en question s’est garé un peu à l’écart. Ce n’est pas un imposant double decker