L’ultra-droite espagnole a réussi son pari : se situer au centre du débat et, ce faisant, le polariser à son avantage supposé. En première ligne de la vie politique depuis deux ans, troisième force parlementaire à l’échelle nationale, Vox accapare toute l’attention des législatives madrilènes du 4 mai. Relativement discrète si on la compare à d’autres mouvements ultras populistes en Europe, cette formation vient de franchir une ligne rouge qui bouleverse l’échiquier politique et la donne électorale. Désormais, la marche triomphale de l’actuelle présidente de la Région de Madrid, la conservatrice Isabel Díaz-Ayuso, est entachée d’incertitude, et tout semble se jouer entre, d’une part, une tripartite de gauche de plus en plus mobilisé et, de l’autre, une droite radicalisée.
Dimanche, le prudent chef du gouvernement socialiste Pedro Sánchez a cristallisé ce pas qualitatif : «L’extrême-droite constitue aujourd’hui une menace pour la démocratie espagnole. Qu’elle ne compte pas sur nous pour normaliser ce qui est anormal !» A l’origine de la dégradation du climat de cette campagne électorale qui s’annonçait plutôt paisible, une altercation survenue vendredi matin, au cours d’un débat entre les candidats,