Dans la cafétéria de la faculté de langues, un petit groupe d’étudiants vitupère. «Les bibliothèques pour bosser n’ouvrent que les après-midi», dit l’un. «Là, cet hiver, il n’y a pas de bon chauffage, on est obligés de venir dans la cafet’pour ne pas grelotter», enchaîne un autre. «Et l’été, avec un climat de plus en plus torride, c’est l’inverse : pas d’air conditionné. Sauf dans la cafétéria aussi, un vrai refuge pour tout vous dire.» «Et les photocopies : on ne peut les faire qu’au compte-goutte.» La litanie des critiques est interminable. Et ce, alors que ces jeunes sont fiers d’étudier dans l’université Complutense, «la Complu», comme l’appellent tous ceux qui y travaillent ainsi que ses 47 500 étudiants qui se répartissent au gré de ses 26 facultés, de ses 28 centres de recherche et de ses cinq internats.
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Des cinq universités publiques madrilènes, c’est de loin la plus grande – 100 hectares, l’équivalent de 50 terrains de football – , et surtout la plus prestigieuse : quatre des six chefs de gouvernement de la démocratie espagnole sont passés par ses bancs, tout comme la reine Letizia, ou encore sept des huit prix Nobel nationaux. Ses immenses salles de cours rappellent une grandeur historique, à l’instar du Paraninfo, le somptueux amphithéâtre inauguré par Isabelle II d’Espagne en 1852. «Grandeur et décadence, ironise Victor, en licence de philosophie. A côté de ces fastes, les toilettes sont dans un état lamentable. On nous dit qu