Menu
Libération
Ultralibéralisme

A Madrid, la région en guerre contre les universités publiques

Article réservé aux abonnés
La très droitière présidente de la région de la capitale espagnole, Isabel Díaz Ayuso, a très fortement réduit les financements publics pour l’enseignement supérieur. Au point de menacer les plus prestigieux établissements du pays.
A Madrid, le 3 juin 2024, devant l'une des facultés de l'université Complutense. (Alberto Ortega/Europa Press via Getty Images)
publié le 14 décembre 2024 à 18h17

Dans la cafétéria de la faculté de langues, un petit groupe d’étudiants vitupère. «Les bibliothèques pour bosser n’ouvrent que les après-midi», dit l’un. «Là, cet hiver, il n’y a pas de bon chauffage, on est obligés de venir dans la cafet’pour ne pas grelotter», enchaîne un autre. «Et l’été, avec un climat de plus en plus torride, c’est l’inverse : pas d’air conditionné. Sauf dans la cafétéria aussi, un vrai refuge pour tout vous dire.» «Et les photocopies : on ne peut les faire qu’au compte-goutte.» La litanie des critiques est interminable. Et ce, alors que ces jeunes sont fiers d’étudier dans l’université Complutense, «la Complu», comme l’appellent tous ceux qui y travaillent ainsi que ses 47 500 étudiants qui se répartissent au gré de ses 26 facultés, de ses 28 centres de recherche et de ses cinq internats.

Des cinq universités publiques madrilènes, c’est de loin la plus grande – 100 hectares, l’équivalent de 50 terrains de football – , et surtout la plus prestigieuse : quatre des six chefs de gouvernement de la démocratie espagnole sont passés par ses bancs, tout comme la reine Letizia, ou encore sept des huit prix Nobel nationaux. Ses immenses salles de cours rappellent une grandeur historique, à l’instar du Paraninfo, le somptueux amphithéâtre inauguré par Isabelle II d’Espagne en 1852. «Grandeur et décadence, ironise Victor, en licence de philosophie. A côté de ces fastes, les toilettes sont dans un état lamentable. On nous dit qu