Cette nuit-là, le 14 avril 2020, ce n’est pas un navire d’ONG qui s’est approché du canot pneumatique à la dérive et de la cinquantaine de migrants serrés à bord, pas plus qu’un bâtiment de garde-côtes. C’était un simple bateau de pêche à la coque bleue et rouge. Les naufragés y sont montés, pensant voir arriver leur salut et une voie d’accès à l’Europe. Mais le bateau, enregistré sous le nom de Dar-es-Salaam ou de Mae Yemanja, a fait demi-tour, direction la Libye, d’où les migrants étaient partis cinq jours plus tôt.
Ce push-back en pleine mer, un renvoi illégal, a été soigneusement orchestré par le gouvernement maltais. Comme Rome et Tripoli, La Valette avait été mise au courant dès le 10 avril qu’un canot chargé de réfugiés était en détresse en Méditerranée centrale. L’ONG Alarm Phone, contactée par les occupants du bateau, avait transmis ses coordonnées, confirmées le même jour par un avion de Frontex. Mais selon les informations d’Amnesty International, aucune opération de sauvetage n’est lancée avant la nuit du 13 au 14 avril, quand des avions de reconnaissance survolent la zone.
L’île rechigne à agir. La première vague de l’épidémie de Covid vient de s’abattre, et les ports maltais, comme en Italie, ont été déclarés «non sûrs» par