Un tank s’arrête au milieu d’une plaine et deux soldats s’en éjectent depuis une petite trappe. L’un manipule une pièce métallique à proximité du canon, l’autre, au sol, vérifie que le blindé est bien positionné. Puis tous deux replongent dans le blindé. Quelques secondes passent, la tourelle change d’orientation puis tire dans un énorme nuage de poussière. La cible, un carré noir situé à quelques centaines de mètres en bordure d’un bois, est touchée en plein cœur. L’équipe russe est bien partie pour remporter ce biathlon de tank, organisé comme tous les ans au «parc Patriote», à 40 km de Moscou, face à une dizaine de pays. Six mois après le début de l’offensive russe en Ukraine, alors que les pertes militaires se chiffrent en milliers, on s’étonnerait presque de voir que des centaines de soldats ont encore le temps de jouer aux jeux olympiques du treillis.
Ce «Disneyland militaire», inauguré sur 5 500 hectares en 2014, comme vitrine de l’armée russe et centre de recrutement, prend un sens particulier cette année. Les expositions de l’édition 2022 sont essentiellement consacrées à «l’opération spéciale en Ukraine». Pour la première fois, Vladimir Poutine en personne est venu lancer les jeux militaires doublés d’un salon de l’armement. Il a rappelé en quelques mots la ligne russe, toujours radicale :