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A Mostar, le rock adoucit les heurts

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Dans la ville devenue emblématique des divisions et tensions ethniques qui gangrènent la Bosnie-Herzégovine, une école de musique rassemble les jeunes de tous horizons. Et bat en brèche le discours des politiciens.
La Mostar Rock School compte 200 étudiants. (Jasmin Brutus/Jasmin Brutus)
par Louis Seiller, envoyé spécial à Mostar (Bosnie-Herzégovine)
publié le 31 décembre 2021 à 9h13

«Quand je suis entrée ici pour la première fois, j’ai tout de suite eu le sentiment d’avoir enfin trouvé ma place. Je me suis vraiment sentie comme chez moi, parce que l’école fonctionne plus comme une grande famille qu’autre chose.» Cheveux en bataille et chaîne punk autour du cou, Sara Mihaela sourit quand elle se rappelle sa découverte de la Mostar Rock School il y a quatre ans. Le 179 de la rue du Maréchal Tito est rapidement devenu la deuxième adresse de cette jeune rockeuse aux yeux bleu clair.

«Ici, il n’y a pas de division, résume-t-elle de sa voix grave en sortant d’une répétition pour le concert de fin d’année. On est tous pareils et on vient ici pour les mêmes raisons : parce qu’on aime tous écouter et jouer de la musique. C’est grâce à la musique qu’on apprend à s’ouvrir à de nouvelles personnes.» Originaire d’une petite ville située près de la frontière croate, Sara fait ses gammes à l’école de musique et enchaîne les scènes, parfois seule avec sa guitare folk, parfois au micro d’un groupe de rock alternatif. En attendant de jouer un jour au festival Exit, en Serbie, l’un de ses rêves, elle profite d’une liberté qui reste rare à Mostar.

Dévastée par la guerre civile et le nettoyage ethnique dans les années 90, la municipalité du sud de la Bosnie-Herzégovine est devenue pour beaucoup l’archétype de la vill