Alex (1), 30 ans, le reconnaît sans tergiverser : il a peur. Peur d’être tué, peur d’être blessé ou mutilé. «Depuis qu’elle a commencé, cette guerre me terrifie. Avant qu’elle se déclenche, je pensais que la guerre, c’était des combats face à face avec l’ennemi, fusil à l’épaule. En réalité, c’est aller dans une tranchée, mourir déchiqueté par un obus et être remplacé par un autre jeune.» Alors Alex se cache. Il vit, comme avant la guerre, dans son petit appartement d’Odessa (Sud) et continue de travailler pour la même entreprise étrangère de logistique. Mais il évite les rues fréquentées, la gare, les marchés. Il ne prend plus le bus, va à son bureau à pied ou en taxi. Il est toujours en baskets, au cas où il faille courir et échapper à des agents recruteurs de l’armée en maraude dans son quartier.
Il n’a pas honte pour autant. «C’est mon choix. Et que se passerait-il si je m’enrôlais maintenant ? Les soldats me demanderaient où j’étais depuis le début. Ils auraient raison. J’ai énormément de respect pour eux, je les aide financièrement autant que je peux avec des donations et je ne veux pas non plus me sauver à l’étranger, je reste dans mon pays. Je n’ai juste pas leur héroïsme, je ne peux pas faire comme ceux qui étaient dans l’usine d’A