Menu
Libération
Reportage

A Saint-Pétersbourg, une vie en suspens

Article réservé aux abonnés
Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Marques occidentales remplacées par leurs déclinaisons russes dans les magasins, prix qui explosent, réseaux sociaux mis en berne…… La guerre et les sanctions ont façonné un pays hors du temps.
Dans une rue de Saint-Pétersbourg, début janvier 2023. (Maksim Konstantinov/SOPA. LightRocket. Getty)
par Paul Gogo, envoyé spécial à Saint-Pétersbourg
publié le 5 février 2023 à 19h00

Il est déjà loin le temps où les Russes s’inquiétaient de voir disparaître leurs meubles suédois et leurs cafés américains… Un an plus tard, les Star Coffee, du rappeur pro Poutine Timati, ont fleuri partout dans le pays, en lieu et place des anciens Starbucks. La société américaine a vendu ses locaux à la célébrité russe avant de quitter le pays l’été dernier. Même chose pour les enseignes McDonald’s, qui ont vite été remplacées par un ersatz local. C’était une priorité, alors, pour les autorités qui voulaient encore cacher la guerre à la jeunesse des grandes villes. Mais les temps ont changé. Et ces mêmes jeunes sont désormais appelés à sortir de leur désintérêt pour l’actualité internationale et à prendre les armes pour la patrie.

Dans les supermarchés, en revanche, tout est pareil. Ou presque. Les célèbres marques de soda ont été remplacées par des copies autochtones, certains produits étrangers ont disparu des rayons. Mais pas d’étalages vides : à la place de presque tous les produits, des équivalents locaux ont surgi. Les Russes ont appris à vivre, sans trop de soucis, sans les étiquettes occidentales. Mais celles-ci commencent déjà à réapparaître importées par des pays voisins amis.

Le programme de substitution des importations – «importzamechtchenie» – qui existait déjà avant le début de la guerre en 2014, a