Le robot débouche du coin d’un immeuble, juché sur ses six roues, et précédé par les points lumineux de ses deux phares qui lui dessinent un regard. A l’emplacement prévu, la machine, qui a plus ou moins la forme et la dimension d’un panier de course, s’arrête et déclenche son jingle. Un clic sur l’appli Starship et le couvercle du robot s’ouvre, libérant un sac rempli de donuts. Dans cette rue de Telliskivi, quartier central et hipster de Tallinn, personne ou presque n’a porté un regard à la scène. En Estonie, la livraison par robot n’est déjà plus une nouveauté, même si elle reste encore marginale. Les machines de Starship, repérables de loin avec leur petit fanion orange, arpentent la capitale depuis 2021. «Quand on a lancé ce projet en 2014, ça paraissait évidemment être une idée futuriste et radicale. Mais ce qui est futuriste en réalité, ce n’est pas d’avoir des robots qui se déplacent de manière autonome. C’est de s’en servir pour construire un réseau logistique et le mettre à disposition de nos clients», explique Ahti Heinla, le co-créateur de Starship, qui a déjà gagné des millions et une certaine notoriété en participant à l’invention de Skype.
En Estonie, les robots officient comme livreurs pour quelques restaurants et cafés de la capitale. Mais dans quelques-unes des 80 villes où Starship est présente, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ils livrent aussi les courses. «Nous vendons aux supermarchés