Emmanuel Macron et le chancelier allemand, Friedrich Merz ont présidé ce vendredi 29 août à Toulon (Var) un conseil des ministres franco-allemand, suivi d’un conseil de défense conjoint, pour coordonner leurs actions et avoir une Europe «plus forte» face aux grands défis internationaux. Ils avaient dîné en tête-à-tête la veille au fort de Brégançon, la résidence d’été des présidents français.
Dans un communiqué commun, les deux dirigeants ont annoncé qu’ils allaient entamer leur dialogue stratégique sur la dissuasion nucléaire «avec la participation des ministères des Affaires étrangères et de la Défense». Emmanuel Macron, à la tête du seul Etat de l’Union européenne doté de l’arme nucléaire, avait dit être prêt à entamer un dialogue stratégique avec plusieurs partenaires, compte tenu de la dégradation de l’environnement sécuritaire international et du constat partagé par les Européens de la nécessité de renforcer leur capacité de défense.
A lire aussi
«Nous continuerons d’exercer la pression» pour des sanctions, y compris américaines, sur la Russie, a également déclaré Emmanuel Macron ce vendredi. Selon lui, les «prochains jours seront déterminants» pour que Moscou donne des signes de sa volonté de mettre fin au conflit, comme le souhaite le président américain. Macron et Merz parleront chacun à Donald Trump «ce week-end», a encore dit le président français.
Dans le même temps, Moscou a dénoncé les «insultes vulgaires» et «dépassant les limites de la décence» du locataire de l’Elysée. Il avait qualifié la semaine dernière Vladimir Poutine d’«ogre» et de «prédateur».
En réponse, le président français a réfuté toute insulte à l’endroit de son homologue russe et a de nouveau dénoncé la «dérive autocratique» et «l’impérialisme révisionniste» du maître du Kremlin. Si le chef de l’Etat russe ne rencontre pas son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d’ici à lundi comme demandé par Donald Trump, «cela voudra dire que le président Poutine se sera joué du président Trump», a encore estimé Emmanuel Macron.
Huit feuilles de route
Paris et Berlin entendent mettre en musique une nouvelle dynamique dans la relation franco-allemande, après de nombreux temps morts sous le précédent chancelier social-démocrate, Olaf Scholz. Huit feuilles de route sur l’énergie, le commerce, l’industrie ou encore la souveraineté numérique doivent être adoptées à Toulon pour «incarner très concrètement une forme de remise à plat sur les sujets où il y avait eu des désaccords, et surtout une relance et un retour du couple Franco-Allemand», souligne l’Elysée. Les deux pays doivent notamment acter la «non-discrimination» à l’égard de l’énergie nucléaire afin qu’elle puisse bénéficier de financements européens au même titre que les autres énergies, une bataille de longue haleine de Paris face à Berlin.
Les sujets de contentieux, de l’accord de libre-échange avec le Mercosur au projet commun d’avion dit «Système de combat aérien du futur», ont en revanche soigneusement été laissés de côté. La France réclame la négociation d’un protocole additionnel à l’accord commercial avec le Mercosur afin de protéger les intérêts des agriculteurs. L’Allemagne, soucieuse des intérêts commerciaux de ses industriels, en appelle en revanche à une mise en œuvre immédiate, sans rouvrir de discussions.
Emmanuel Macron et Friedrich Merz étaient accompagnés d’une dizaine de ministres chacun – on comptait notamment côté français, Bruno Retailleau, Eric Lombard ou encore Sébastien Lecornu. Tous sont suspendus à un vote de confiance le 8 septembre qui pourrait voir le gouvernement Bayrou tomber. Traditionnellement, le chef du gouvernement n’assiste pas aux conseils des ministres franco-allemands, rappelle l’Elysée – le Premier ministre François Bayou était ce vendredi à la foire agricole de Châlons-en-Champagne, où il continue à plaider pour son plan d’austérité.
Mise à jour : à 18 h 11, avec l’ajout de nouvelles déclarations d’Emmanuel Macron sur Vladimir Poutine.