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Récit

A travers l’«honnête homme» Jacques Delors, Macron salue l’Europe aux Invalides

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En faisant aux Invalides l’éloge de l’ancien président de la Commission européenne, le chef de l’Etat a curieusement semblé dresser le portrait de son exact contraire.
Hommage à Jacques Delors dans la cour des Invalides, à Paris, le 5 janvier. (Stephanie Lecocq/AFP)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 5 janvier 2024 à 20h26

A cinq mois d’une élection européenne, en juin, qui s’annonce périlleuse pour le parti présidentiel, Emmanuel Macron ne pouvait laisser passer l’occasion de rendre solennellement hommage, ce vendredi matin, à Jacques Delors, mort le 27 décembre à 98 ans. Car l’ancien président de la Commission (1985-1995) a été l’un des pères – devenu mythique de son vivant – de l’Europe moderne et l’un des derniers «fédéralistes pur et dur», comme l’a décrit dans ses mémoires Margaret Thatcher, la Première ministre britannique (1979-1990), qui fut l’une de ses plus farouches opposantes et de ses plus sincères admiratrices. Cette cérémonie a été l’occasion de rappeler aux électeurs hexagonaux que l’Union a été en grande part façonnée par des Français, donc dans leur intérêt. «Le visage de l’Europe d’aujourd’hui, Jacques Delors a contribué à le dessiner trait par trait», a souligné le chef de l’Etat. Le legs delorien, c’est «une empreinte française et européenne, la possibilité d’une social-démocratie d’émancipation, la possibilité d’une Europe unie […] soudée par des valeurs communes et la force de transformer l’espoir en histoire».

Emmanuel Macron, au cours d’une de ces cérémonies dont la République a le secret, a su éviter le piège de la récupération en se concentrant uniquement sur l’homme, sans aucune référence directe aux enjeu